X.
L'observation des préceptes ouvre à la prière le chemin du ciel. Voici le principal: « Ne montons pas à l'autel du Seigneur avant d'avoir déposé le fardeau de haine ou d'offense que nous avons contre nos frères. » Qu'est-ce, en effet, que de nous approcher de la paix de Dieu sans avoir la paix? qu'est-ce que de solliciter la remise de nos dettes en retenant celle des autres? Comment le frère, irrité contre son frère, apaisera-t-il son père, puisque toute colère nous a été interdite dès l'origine? Lorsque Joseph renvoya ses frères avec l'ordre de ramener leur père, il leur recommanda « de ne point se quereller en chemin. » Cet avertissement s'adressait à nous. Notre discipline est désignée souvent sous le nom de chemin et de voie. Il signifiait encore qu'engagés sur le chemin de la prière, nous ne devons pas nous approcher du Père avec la colère dans le cœur. Le Seigneur, en donnant à la loi plus d'étendue, à la défense de l'homicide ajoute celle de la colère contre son frère. Il ne permet pas même qu'on la satisfasse par une parole injurieuse. « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère, » nous dit l'Apôtre. Mais quelle témérité que de passer toute la journée sans prier ou de perdre sa prière par sa persévérance dans la haine! Remarquons-le! Ce n'est pas seulement de toute colère, mais même de toute espèce de trouble, que la prière doit demeurer libre, parce qu'elle doit sortir d'un esprit aussi pur que celui vers lequel elle monte. Le moyen qu'un esprit souillé soit reconnu par un Esprit infiniment saint, un esprit triste par un esprit joyeux, un esprit chargé d'entraves par un esprit de liberté! Personne qui reçoive son antagoniste. On n'admet que son semblable.
