V.
QUE VOTRE RÈGNE ARRIVE!
Cette demande se rapporte à celle-ci: « Que votre volonté soit faite, » c'est-à-dire, « que votre règne s'accomplisse en nous. » Car à quel moment Dieu n'est-il pas roi, lui qui tient dans sa main le cœur des rois? Mais tout ce que nous souhaitons pour nous-mêmes, nous le rapportons à lui, nous le sanctifions en lui, parce que c'est de lui que nous l'attendons. Or, si l'avènement du royaume de Dieu s'accorde avec sa volonté, et réclame notre départ d'ici-bas, d'où vient que plusieurs redemandent avec larmes celui qui a été arraché au siècle, puisque le règne de Dieu, dont nous hâtons l'avènement, implique la consommation du siècle? Nous demandons à entrer promptement dans notre règne, afin de n'être pas retenus plus longtemps dans notre esclavage. Quand même cette prière ne nous eût pas fait un devoir de demander l'avènement de ce règne, nous aurions poussé de nous-mêmes ce cri, en nous hâtant d'aller embrasser nos espérances. ---- Les ames des martyrs qui reposent sous l'autel demandent à grands cris: Seigneur, jusqu'à quand différerez-vous de venger notre sang sur ceux qui habitent la terre? » C'est qu'en effet ils doivent être vengés à la fin des temps. O Seigneur, hâte donc l'arrivée de ton règne! C'est le vœu des Chrétiens, le désespoir des infidèles, le triomphe des anges; c'est pour lui que nous souffrons, ou plutôt c'est après lui que nous soupirons.
