XXVI.
On peut voir par là que nos livres saints sont bien plus vrais et plus anciens que toutes les histoires des Égyptiens, des Grecs et des autres peuples ; car Hérodote, Thucydide, Xé-nophon et la plupart des historiens, ne remontent pas plus haut que les règnes de Cyrus et de Darius, tant ils étaient incertains sur les premiers temps. D'ailleurs qu'ont-ils dit de remarquable sur Darius et Cyrus, qui régnèrent chez les barbares ; sur Zopyre et Hippias, qui commandèrent aux Grecs ; sur les guerres des Athéniens et des Lacédémoniens, sur les exploits de Xerxès et de Pausanias, qui mourut presque de faim dans un temple de Minerve ; enfin, sur Thémistocle, sur la guerre du Péloponnèse, sur Alcibiade et Thrasybule ? Mais je ne me suis point proposé de faire une histoire complète, je veux seulement faire voir le nombre d'années qui se sont écoulées depuis la création du monde, et convaincre ainsi d'imposture les récits insensés des écrivains ; car le monde n'a pas vingt mille myriades d'années, comme l'a dit Platon ; qui prétend que tout ce temps s'était écoulé à l'époque où il vivait ; il n'a pas non plus quinze myriades trois cent soixante et quinze années, comme fa déclaré l'Égyptien Apollonius ; il n'est point incréé, ni le jouet du hasard, comme le veulent Pythagore et d'autres philosophes, mais il a été créé et il est gouverné par la providence de Dieu, qui a fait toutes choses. Il est même facile de démontrer le nombre d'années de son existence à ceux qui cherchent la vérité ; et pour qu'on ne m'accuse pas de n'avoir pu suivre ma démonstration jusqu'au bout, et arriver au delà de Cyrus, je vais essayer, avec le secours de Dieu, de bien établir l'ordre des temps et des années qui se sont écoulées après ce prince.
