Edition
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De Idololatria
XXIII.
[1] Sed est quaedam eiusmodi species in facto et in uerbo bis acuta et infesta utrimque, licet tibi blandiatur, quasi uacet in utroque, dum factum non uidetur, quia dictum non tenetur. Pecuniam de ethnicis mutuantes sub pignoribus fiduciati iurati cauent et se negant ; se scire uolunt scilicet tempus persecutionis et locus tribunalis et persona praesidis. [2] Praescribit Christus non esse iurandum. Scripsi, inquit, sed nihil dixi : lingua, non littera occidit. Hic ego naturam et conscientiam aduoco : naturam, quia nihil potest manus scribere, etiamsi lingua in dictando cessat immobilis et quieta, quod non anima dictauerit ; quamquam et ipsi linguae anima dictauerit aut a se conceptum aut ab alio traditum. [3] Iam, ne dicatur, alius dictauit ; hic conscientiam appello, an quod alius dictauit anima suscipiat et siue comitante siue residente lingua ad manum transmittat. Et bene, quod in animo et conscientia delinqui dominus dixit. Si, inquit, concupiscentia uel malitia in cor hominis ascenderit, pro facto teneris. [4] Cauisti igitur, quod in cor tuum plane ascendit, quod neque ignorasse te contendere potes neque noluisse. [5] Nam cum caueres, scisti, cum scires, utique uoluisti ; et est tam facto quam cogitatu. Nec potes leuiore crimine maius excludere, ut dicas falsum plane effici cauendo quod non facis. Tamen non negaui, quia non iuraui. Quin immo, etsi nihil tale fecisses, sic tamen dicereris deierare, fecisse si consenseris. Non ualet tacita uox in stilo et mutus in litteris sonus. [6] At enim Zacharias temporali uocis orbatione multatus cum animo conlocutus linguam inritam transit, cum manibus suis a corde dictat et nomen filii sine ore pronuntiat : loquitur in stilo, auditur in cera manus omni sono clarior, littera omni ore uocalior. Quaere, an dixerit qui dixisse compertus est. [7] Dominum oremus, ne qua nos eiusmodi contractus necessitas circumsistat et, si ita euenerit, det fratribus operandi copiam uel nobis abrumpendae omnis necessitatis constantiam, ne illae litterae negatrices uicariae oris nostri in die iudicii aduersus nos proferantur signatae signis non iam aduocatorum, sed angelorum.
Übersetzung
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De l'idolatrie
XXIII.
Il existe encore un subterfuge de celle nature, en parole ou en action, subtil et fatal des deux côtés, quoiqu'on le tienne pour innocent, dans l'un ou l'autre cas, parce que l'action n'est pas visible, ni la parole entendue. Quelques-uns empruntant sur gages de l'argent aux païens, se taisent en souscrivant la formule d'engagement, et s'autorisent de là pour prétexter ignorance. A quelle époque, demandent-ils, sera jugée cette affaire? devant quel tribunal? par quel juge? Le Christ l'a déterminé d'avance: « Tu ne jureras point. » ---- J'ai écrit, dit-on, mais je n'ai proféré aucune parole. ---- C'est la langue et non la lettre qui tue. Ici j'en appelle à la nature et à la conscience; à la nature: la main peut-elle écrire sans que l'aine dicte les paroles, quand même la langue, en les dictant, demeurerait muette et immobile, et cela, soit que l'ame dicte à la langue ses propres pensées ou les pensées d'un autre? Qu'on ne vienne donc plus nous dire: Un autre a dicté. Ici j'invoque encore la conscience: l'ame accepte-t-elle, oui ou non, les paroles qu'un autre a dictées, pour les transmettre à la main, soit que l'ame les accompagne, soit qu'elle se taise? Heureusement, le Seigneur a déclaré «que le péché se consommait par l'intention au fond du cœur. Si la concupiscence ou la malice, dit-il, monte dans le cœur de l'homme, le péché est commis. » Tu as dissimulé, ton cœur t'en a pleinement averti; tu ne peux donc prétexter ni l'ignorance, ni le défaut de volonté. Eu effet, puisque tu dissimulais, tu l'as su; puisque tu le savais, tu l'as voulu: tu es donc coupable de pensée comme d'action. Impossible d'échapper à une faute légère par une plus grande, en disant que le crime que je t'impute par ta dissimulation est imaginaire, ce que tu ne fais pas.
----- Je n'ai pas renié, dis-tu, puisque je n'ai pas juré. ----illusion! quand bien même tu n'aurais fait ni l'un ni l'autre, tu t'es parjuré néanmoins, puisque tu as consenti. N'est-ce point parler que d'écrire? n'y a-t-il pas un son muet dans les caractères! En effet, Zacharie privé pour un temps de l'usage de la voix, s'entretient avec sou ame, triomphe de l'embarras de sa langue, dicte à ses mains ce qu'a résolu son cœur, prononce sans le secours des lèvres le nom de son fils, parle avec le stylet, et sa main se fait entendre sur la tablette de circ en caractères plus lumineux que tous les sons, plus sonores que toutes les syllabes. Demande-moi encore s'il a parlé, celui dont le langage fut si bien compris! Prions le Seigneur d'éloigner toujours de nous la nécessité de pareils contrats; s'il en décide autrement, qu'il accorde à nos frères la grâce de travailler pour vivre, et à nous le courage de briser toutes ces nécessités, de peur que ces lettres impies, qui ont remplacé notre bouche pour renier Dieu, ne s'élèvent contre nous au jour du jugement, marquées du sceau, non plus des avocats, mais des anges.