Edition
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De Idololatria
IV.
[1] Idolum tam fieri quam coli deus prohibet. Quanto praecedit, ut fiat quod coli possit, tanto prius est, ne fiat, si coli non licet. Propter hanc causam, ad eradicandam scilicet materiam idololatriae, lex diuina proclamat, ne feceris idolum, et coniungens, neque similitudinem eorum quae in caelo sunt et quae in terra et quae in mari, toto mundo eiusmodi artibus interdixit seruis dei. [2] Antecesserat Enoch praedicens omnia elementa, omnem mundi censum, quae caelo, quae mari, quae terra continentur, in idololatrian uersuros daemonas et spiritus desertorum angelorum, ut pro deo aduersus deum consecrarentur. Omnia igitur colit humanus error praeter ipsum omnium conditorem. Eorum imagines idola imaginum consecratio idololatria. Quicquid idololatria committit, in artificem quemcumque et cuiuscumque idoli deputetur necesse est. Denique idem Enoch simul et cultores idoli et fabricatores in comminatione praedamnat. [3] Et rursus : iuro uobis peccatores, quod in diem sanguinis perditionis tristitia parata est. Qui seruitis lapidibus et qui imagines facitis aureas et argenteas et ligneas et lapideas et fictiles et seruitis phantasmatibus et daemoniis et spiritibus infernis et omnibus erroribus non secundum scientiam, nullum ab iis inuenietis auxilium. [4] Esaias uero, testes, ait, uos estis, si est deus absque me. Et non erant tunc qui fingunt et exculpunt, omnes uani, qui faciunt libita sibi, quae illis non proderunt. Et deinceps tota illa pronuntiatio quam artifices, quam cultores detestatur. Cuius clausula est: cognoscite, quod cinis sit cor illorum et terra, et nemo animam suam liberare possit. + Vbi aeque Dauid et factores. Tales fiant, inquit, qui faciunt ea. [5] Et quod ego, modicae memoriae homo, ultra quid suggeram ? Quid recolam de scripturis ? Quasi aut non sufficiat uox spiritus sancti aut ultra deliberandum sit, an maledixerit atque damnauerit dominus ipsos prius artifices eorum, quorum cultores maledicit et damnat ?
Traduction
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De l'idolatrie
IV.
Dieu défend aussi bien de faire une idole que de l'adorer. C'est précisément parce qu'il est nécessaire qu'une image soit faite pour qu'elle puisse être adorée, qu'il est défendu de la faire, s'il n'est pas permis de l'adorer. De là vient que, pour déraciner l'idolâtrie, la loi divine proclame: « Tu ne feras point d'idole, » ni, ajoute-t-elle, « aucune ressemblance de ce qui est au ciel, sur la terre et dans la mer. » Elle a interdit aux serviteurs de Dieu ces arts sur toute la face de l'univers. Déjà était venu Enoch, prédisant que les démons convertiraient en idolâtrie tous les éléments, toutes les substances du monde, tout ce qui est contenu au ciel, dans la mer, sur la terre, afin que les anges apostats fussent consacrés en autant de divinités à la face du Seigneur. Voilà donc que pour l'humanité qui s'égare, tout est dieu, excepté le Créateur de toutes choses. Les images de ce qu'il a créé sont des idoles; la consécration de ces images, c'est l'idolâtrie. Tous les crimes que commet l'idolâtrie, l'artisan qui a fait une idole, quel qu'il soit et quelle que soit son œuvre, en est nécessairement responsable. Enfin Enoch enveloppe d'avance dans la même condamnation l'artisan et l'adorateur des idoles. Et ailleurs: « Pécheurs, je vous le jure, quand viendra le jour du sang et de la perdition, la justice est prête. Vous tous qui adorez des pierres, vous tous qui vous taillez des images d'or, d'argent, de bois, de pierre et de terre; vous qui servez les fantômes, les esprits infâmes, et toutes les erreurs qui ne sont pas selon la science, ils ne vous seront d'aucun secours. » Mais Isaïe dit: « Vous êtes mes témoins: y a-t-il un autre Dieu que moi? Alors n'existaient pas des sculpteurs, ni des fabricants d'images, hommes vains qui font ce qui leur plaît, mais qui ne leur servira de rien. » El plus bas, quel anathème il lance sur les fabricateurs et les adorateurs d'images, dans cette déclaration qui se termine ainsi: « Sachez-le! leur cœur n'est que cendre et poussière; aucun d'eux ne pourra délivrer son ame. » Là-dessus David récrie avec la même justice: « Et puissent leur ressembler ceux qui les font! » Qu'ajouterai-je de plus, moi homme de peu de mémoire? Pourquoi citerai-je les Ecritures? comme si la voix de l'Esprit saint ne suffisait pas, ou qu'il fallût mettre en question que le Seigneur ait maudit et condamné les faiseurs d'images avant même d'en maudire et d'en condamner les adorateurs.