CHAPITRE VIII. LES DÉMONS ONT PU FAIRE QUELQUES PRÉDICTIONS VRAIES. D'APRÈS LEURS CONNAISSANCES DES ORACLES DES PROPHÈTES; MAIS ILS N'ONT JAMAIS OSÉ RIEN DIRE CONTRE LE VRAI DIEU.
12. Toutefois les adorateurs qui leur restent encore prétendent que certains de leurs livres contiennent ces prédictions. On aurait droit de croire, il est vrai, qu'elles ont été fabriquées d'après les événements mêmes, puisque, si elles étaient authentiques, leurs temples auraient dû, depuis si longtemps, les faire connaître à leurs peuples. Ainsi agit-on, en effet, non-seulement dans nos églises, à nous; mais, ce qui est un témoignage plus écrasant encore, contre tous nos ennemis, ainsi agissent les synagogues des Juifs, qui les donnent à lire de toute antiquité et en toute clarté. Cependant les quelques pauvres prédictions que l'on produit si rarement et à la dérobée, ne nous doivent point étonner, supposât-on qu'on ait pu extorquer de quelque démon un aveu fait à ses adorateurs, un secret que lui-même avait appris par les prédications- des prophètes ou par les oracles des anges. Pourquoi ce fait serait-il impossible, puisqu'il n'attaque pas et qu'il atteste au contraire la vérité? Un seul oracle leur doit être demandé comme valide contre nous; mais ils ne l'ont jamais produit; mais ils n'essaieront jamais de le produire à moins de le fabriquer : c'est de nous montrer leurs dieux comme ayant osé rien prédire ou dire même par leurs devins contre le Dieu d'Israël. Ce Dieu, leurs écrivains les plus savants, qui ont pu tout lire et connaître, ont demandé qui il était, plutôt qu'ils n'ont eu le pouvoir de nier sa divinité. Or, au contraire, ce Dieu dont aucun d'eux n'a osé nier le titre de Dieu véritable, et qu'une négation si hardie n'empêcherait pas de les punir comme ils le méritent, outre que des faits certains la convaincraient de mensonge; ce Dieu, oui, dont aucun d'eux, je l'ai dit, n'a osé nier qu'il fût le Dieu véritable, les a traités de divinités fausses qu'on doit abandonner; temples, idoles, culte, il veut, par ses vrais devins, c'est-à-dire par ses Prophètes, que tout s'écroule; son arrêt publiquement l'a prédit; sa puissance publiquement l'a commandé ; sa vérité publiquement l'a accompli. Aussi, quel homme sera désormais fou, jusqu'à ne pas donner tout son culte de préférence à Celui que les dieux mêmes qu'il honorait ne lui défendent point d'honorer? Et, dès qu'il commencera à lui porter son hommage, il le refusera bien certainement à ceux qu'un Dieu qu'il honore lui défend d'honorer.
