VIII.
Et cependant quelle persécution a-t-il donc à souffrir, ce frère qui nous a été présenté ? J'avoue hautement qu'il n'en est point de plus glorieuse. M'accuse qui voudra, toujours est-il que je me flatte de cette persécution. Je lis au Psaume : « Je poursuivais celui qui commettait la détraction occulte contre son prochain1 ». Si c'est en toute justice que je poursuis celui qui commet la détraction occulte contre son prochain, n'ai-je pas à combien plus forte raison le droit de poursuivre celui qui blasphème publiquement contre l'Eglise, quand il s'écrie : « Ce n'est pas là la véritable Eglise , l'Eglise véritable, c'est la nôtre; celle-là n'est qu'une « prostituée?» Quoi donc ! je ne poursuivrais pas celui qui blasphème l'Eglise ? Je le persécuterai, car je suis membre de l'Eglise ; je le persécuterai, car je suis enfant de l'Eglise. J'emprunte à l'Eglise sa propre parole, c'est elle qui, par mon organe, dit dans le Psaume : « Je poursuivrai mes ennemis, je les saisirai, et je ne m'arrêterai que quand ils ne seront plus2 ». Qu'ils cessent de vivre dans le mal, et qu'ils marchent vers le bien. Mes frères, gardez-vous de croire que notre conduite à l'égard d'Emérite soit une nouveauté. Quand Constantine était victime des erreurs du Donatisme, cette secte coupable s'empara de Pétilianus, notre catéchumène, issu de parents catholiques, lui imposa toutes les rigueurs de la violence, l'arrêta dans sa fuite, le surprit dans la retraite où il se cachait, l'en arracha malgré sa frayeur, le baptisa tout tremblant et l'ordonna malgré ses résistances. Voilà de quelle violence ils n'ont pas craint d'user contre nous. Ils ont arraché un des nôtres pour le précipiter dans la mort spirituelle, et il nous serait défendu de les arracher à pour les placer sur le chemin du salut?
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