8.
Pourquoi dès lors ceux qui repoussent toute correction osent-ils dire : « Contentez-vous de m'instruire de mes devoirs, et demandez pour moi la grâce de les accomplir? » Pourquoi ne pas tirer la conséquence de leur principe erroné? pourquoi ne pas dire aussi bien : Je veux que vous vous absteniez absolument de me commander quoi que ce soit, et de prier pour moi? En effet, voyons-nous que quelqu'un ait prié pour Pierre , et demandé pour lui cette pénitence qui lui a arraché tant de larmes sur son apostasie? Voyons-nous que quelqu'un ait enseigné à l'apôtre saint Paul les divins préceptes relatifs à la foi chrétienne? On l'entendait souvent répéter: « Je vous déclare, mes frères, que l'Evangile que je vous ai prêché n'a rien de l'homme, parce que je ne l'ai reçu ni appris d'aucun homme, mais par la révélation de Jésus-Christ1 ». Mais ne pouvait-on pas lui répondre : Pourquoi donc nous contraindre à recevoir et à apprendre de vous ce que vous n'avez ni reçu ni appris de l'homme? Celui qui vous a tout donné peut également tout nous donner à nous-mêmes. Je dis donc que si nos adversaires n'osent tenir ce langage, et permettent que l'Evangile soit prêché par un homme, quoiqu'il puisse être donné par Dieu lui-même, qu'ils avouent donc qu'ils sont tenus de se laisser réprimander par leurs supérieurs, chargés de leur prêcher la grâce chrétienne, quoique Dieu puisse fort bien, personne n'en doute, faire lui-même la correction sans le secours d'aucun intermédiaire, et, par des moyens aussi mystérieux qu'efficaces, produire dans la conscience des coupables une douleur salutaire. De même donc que nous ne devons pas cesser de prier pour ceux dont nous voulons la conversion, quoique Pierre , sans la prière de personne, ait été converti par un regard du Sauveur, et amené à pleurer son péché ; de même on ne doit point épargner les reproches aux coupables, quoique Dieu, quand il le veut, convertisse lui-même des hommes qui n'ont été l'objet d'aucune correction. Or, la correction ne profite au pécheur qu'autant qu'il reçoit en même temps la grâce et le secours de Celui qui parfois convertit lui-même sans le secours d'aucune correction antérieure. Demandera-t-on pourquoi ces modes si différents par lesquels les pécheurs sont appelés au repentir? Avant de répondre, qu'on n'oublie pas que ce n'est point à l'argile, mais au potier à juger.
Gal. I, 11, 12. ↩
