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« Donc », ajoutent-ils, « que nos supérieurs se contentent de nous apprendre nos devoirs, et qu'ils demandent pour nous à Dieu le secours dont nous avons besoin pour les accomplir ; mais qu'ils ne nous réprimandent et ne nous corrigent point, si nous n'accomplissons pas ces devoirs ». Je dis au contraire que les supérieurs doivent remplir à la fois toutes ces obligations ; car c'est là ce que faisaient les Apôtres docteurs de l'Eglise: ils prescrivaient ce qu'il y avait à faire, ils réprimandaient ceux qui ne le faisaient pas, et ils priaient pour qu'ils pussent le faire.
Voici un ordre de l'Apôtre : « Que toutes nos oeuvres se fassent avec charité1 » ; une réprimande et un reproche : « C'est déjà certainement un péché parmi vous, d'avoir des procès les uns contre les autres. Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt qu'on vous fasse tort ? Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt qu'on vous trompe ? Mais c'est vous-mêmes qui commettez l'injustice, c'est vous qui trompez; et cela à l'égard de vos propres frères. Ne savez-vous pas que ceux qui commettent l'injustice ne possèderont point le royaume de Dieu2?» Enfin, voici sa prière : « Que le Seigneur vous multiplie et vous fasse abonder dans la charité à l'égard les uns des autres et à l'égard de tous3 ». Il commande la charité; il réprimande, parce qu'on n'a pas la charité ; il prie pour que la charité abonde. O homme, dans le précepte reconnaissez ce que vous devez posséder ; dans le reproche qui vous est fait reconnaissez que c'est par votre faute que vous ne le possédez pas ; et dans la prière reconnaissez de quelle source vous pouvez recevoir ce que vous voulez posséder.
