3. La tristesse est un ver qui ronge l'âme.
Dès qu'un vêtement est attaqué par les teignes, il perd toute sa valeur et ne peut plus honorablement servir; et lorsque le bois est rongé par les vers, il ne peut être employé dans les plus simples constructions, et n'est bon qu'à être brûlé. De même, lorsque l'âme est dévorée par la tristesse, elle devient impropre à ce vêtement sacré où coule, selon le prophète David, « ce baume du Saint-Esprit qui descend du ciel, pour se répandre sur la barbe d'Aaron et jusque sur le bord de son vêtement. » (Ps. CXXXII, 2.) Elle ne peut plus servir à la construction et à l'ornement de ce temple spirituel, dont, selon saint Paul, le sage architecte a posé les fondements lorsqu'il a dit : « Vous êtes le temple de Dieu, et l'Esprit de Dieu habite en vous », (I Cor., III, 16); ce temple dont l'Épouse des Cantiques a décrit les matériaux : « Nos solives sont de cyprès, et les lambris de nos demeures sont de cèdre. » (Cant., I, 16.) Les bois choisis pour le temple de Dieu sont tous incorruptibles et d'une bonne odeur; on rejette ceux qui sont trop vieux et rongés par les vers.
