8.
Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Une recherche exacte de l'essence de chacun des êtres, soit de ceux qui ne nous sont connus que par l'intelligence, soit de ceux qui tombent sous nos sens, étendrait outre mesure notre instruction, et nous ferait employer plus de discours pour expliquer cette question difficile, que pour tous les objets ensemble que nous nous proposons de traiter. D'ailleurs, ces discussions superflues servent peu à l'édification des fidèles. Qu'il nous suffise pour l'essence du ciel, de ce que nous lisons dans Isaïe. Ce prophète nous donne une idée suffisante de sa nature dans ces paroles qui sont à la portée de tout le monde: Celui, dit-il, qui a étendu le ciel comme une fumée (Is. 51. 6.); c'est-à-dire, qui a formé le ciel d'une substance légère, et non épaisse et solide. Quant à sa forme, ce qu'il dit en glorifiant Dieu doit nous suffire : Celui qui a établi le ciel comme une voûte (Is. 40.22.).
Procédons de même pour ce qui regarde la terre. N’examinons pas avec trop de curiosité quelle est son essence, ne nous fatiguons pas à raisonner sur sa substance propre, n'allons pas chercher une nature qui par elle-même soit dépourvue de toute qualité; mais soyons convaincus que tout ce que nous voyons en elle appartient à son être, constitue son essence : car vous la réduirez à rien en lui ôtant les unes après les autres toutes les qualités qu'elle renferme. Oui, si vous lui ôtez le noir, le froid, le pesant, le serré, toutes les propriétés de saveur qu'elle peut avoir, et d'autres encore, il ne restera plus rien. Je vous exhorte donc à laisser là toutes ces recherches, à ne pas examiner non plus sur quoi la terre1 est fondée. A Votre esprit ne ferait que s'éblouir, parce que le raisonnement ne le conduirait à aucune vérité certaine. Car si vous dites que l'air s'étend sous toute la largeur de la terre , vous ne pourrez expliquer comment une nature aussi inflexible et aussi déliée résiste accablée sous un si grand fardeau , comment elle ne s'échappe pas, elle ne se dérobe pas de toutes parts, en s'élevant au-dessus de la masse qui l'écrase.
Tout ce qui suit sur l'affermissement de la terre est ce que saint Basile pouvait dire de plus ingénieux et de plus solide , n'étant pas instruit du mouvement de la terre autour du soleil. ↩
