Edition
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De Paenitentia
IX.
[1] Huius igitur paenitentiae secundae et unius quanto in arto negotium est tanto operosior probatio ut non conscientia sola praeferatur, sed aliquo etiam actu administretur. [2] Is actus, qui magis Graeco vocabulo exprimitur et frequentatur, exomologesis est qua delictum nostrum domino confitemur, non quidem ut ignaro, sed quatenus satisfactio confessione disponitur, confessione paenitentia nascitur, paenitentia deus mitigatur. [3] Itaque exomologesis prosternendi et humilificandi hominis disciplina est conversationem iniungens misericordiae inlicem, de ipso quoque habitu atque victu: [4] mandat sacco et cineri incubare, corpus sordibus obscurare, animum maeroribus deicere, illa quae peccant tristi tractatione mutare; ceterum pastum et potum pura nosse, non ventris scilicet sed animae causa; plerumque vero ieiuniis preces alere, ingemiscere, lacrimari et mugire dies noctesque ad dominum deum tuum, presbyteris advolvi, [et] aris dei adgeniculari, omnibus fratribus legationem deprecationis suae iniungere. [5] Haec omnia exomologesis, ut paenitentiam commendet, ut de periculi timore dominum honoret, ut in peccatorem ipsa pronuntians pro dei indignatione fungatur et temporali afflictatione aeterna supplicia non dicam frustretur, sed expungat. [6] Cum igitur provolvit hominem, magis relevat; cum squalidum facit, magis emundatum reddit; cum accusat, excusat; cum condemnat, absolvit: in quantum non peperceris tibi, in tantum tibi deus, crede, parcet!
Traduction
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De la pénitence
IX.
Plus cette seconde et dernière pénitence est nécessaire, plus la preuve en doit être laborieuse, de sorte qu'elle ne réside pas seulement au fond de la conscience, mais qu'il lui faut encore quelque manifestation extérieure. Cet acte, que nous nommons le plus ordinairement par un mot grec, c'est l'exomologèse, en vertu de laquelle nous confessons au Seigneur notre péché, non pas qu'il l'ignore, mais parce que la confession dispose à la satisfaction, que la pénitence naît de la confession, et que la pénitence apaise la colère de Dieu. L'exomologèse est donc un exercice qui a pour but d'humilier l'homme et de l'anéantir, en lui imposant une conduite qui attire la miséricorde, en réglant son extérieur et sa table, en le courbant sous le sac et la cendre, en lui apprenant à couvrir son corps de poussière et à plonger son ame dans la douleur, et convertissant en moyens de pénitence tout ce qui fut l'instrument du péché. D'ailleurs elle ne connaît du boire et du manger que ce qu'il faut pour soutenir la vie et non pour flatter le ventre; elle nourrit la prière par le jeûne; elle gémit, elle pleure, elle crie et le jour et la nuit au Seigneur son Dieu; elle se roule aux pieds des prêtres, elle s'agenouille devant ceux qui sont chers à Dieu; elle sollicite les prières de tous les frères, afin qu'ils soient ses mandataires auprès de Dieu. Voilà ce que fait l'exomologèse pour donner plus de prix à la pénitence, pour honorer le Seigneur par la crainte du péril, pour que, prononçant elle-même contre le pécheur, elle se substitue à l'indignation divine, enfin pour éviter, que dis-je? pour acquitter la dette des supplices éternels par les afflictions qu'elle s'impose dans le temps. Ainsi, en abattant l'homme, elle le relève; en le souillant de poussière, elle le purifie; en l'accusant, elle le justifie; en le condamnant, elle l'absout. Crois-moi, moins tu te pardonneras à toi-même, plus Dieu te pardonnera.