Edition
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De Paenitentia
VI.
[1] Quidquid ergo mediocritas nostra ad paenitentiam semel capessendam et perpetuo continendam suggerere conata est, omnes quidem debitos domino spectat ut omnes salutis in promerendo deo petitores, sed praecipue novitiolis istis inminet, qui cum maxime incipiunt divinis sermonibus aures rigare quique ut catuli infantiae adhuc recentis necdum perfectis luminibus incerta reptant et dicunt quidem pristinis renuntiare et paenitentiam adsumunt, sed includere eam neglegunt. [2] Interpellat enim illos ad desiderandum ex pristinis aliquid ipse finis desiderandi, velut poma, cum iam in acorem vel amaritudinem senescere incipiunt, ex parte aliqua tamen adhuc ipsi gratiae suae adulantur.
[3] Omne praeterea cunctationis et tergiversationis erga paenitentiam vitium praesumptio intinctionis inportat. Certi enim indubitatae veniae delictorum medium tempus interim furantur et commeatum sibi faciunt delinquendi quam eruditionem non delinquendi. [4] Quam porro ineptum, quam (perversum), paenitentiam non adimplere et veniam delictorum sustinere, hoc est pretium non exhibere et ad mercem manum emittere! Hoc enim pretio dominus veniam addicere instituit, hac paenitentiae conpensatione redimendam proponit inpunitatem. [5] Si ergo qui venditant prius nummum quo paciscuntur examinant, ne scalptus ne versus ne adulter, non etiam dominum credimus paenitentiae probationem prius inire tantam nobis mercedem, perennis scilicet vitae, concessurum ?
[6] Sed differamus tantisper paenitentiae veritatem: tunc opinor emendatos licebit, cum absolvimur'. Nullo pacto, sed cum pendente venia poena prospicitur, cum adhuc liberari non meremur, ut possimus mereri, cum deus comminatur, non cum ignoscit. [7] Quis enim servus, posteaquam libertate mutatus est, furta sua et fugas sibi inputat? quis miles, postquam castris suis emissus est, pro notis suis satagit? [8] Peccator ante veniam deflere se debet, quia tempus paenitentiae idem quod periculi et timoris. [9] Neque ego renuo divinum beneficium, id est abolitionem delictorum, inituris aquam omnimodo salvum esse; sed ut eo pervenire contingat elaborandum est. Quis enim tibi tam infidae paenitentiae viro asperginem unam cuiuslibet aquae commodabit? [10] Furto quidem adgredi et praepositum huius rei adseverationibus tuis circumduci facile est: sed deus thesauro suo providet, nec sinet obrepere indignos. Quid denique ait? Nihil occultum quod non revelabitur: quantascumque tenebras factis tuis superstruxeris, deus lumen est!
[11] Quidam autem sic opinantur, quasi deus necesse habeat praestare etiam indignis quod spopondit, et liberalitatem eius faciunt servitutem. [12] Quodsi necessitate nobis symbolum mortis indulget, ergo invitus facit; quis autem promittit permansurum et quod tribuerit invitus? [13] Non enim multi postea excidunt? non a multis donum illud auferetur? Hi sunt scilicet qui obrepunt, qui paenitentiae fidem adgressi super harenas domum ruituram conlocant!
[14] Nemo ergo sibi aduletur quia inter auditorum tirocinia deputatur, quasi eo etiamnunc sibi delinquere liceat: dominum simul cognoveris timeas, simul inspexeris reverearis! [15] Ceterum quid te cognovisse interest, cum isdem incubas quibus retro ignarus? Quid autem te a perfecto servo dei separat? An alius est intinctis Christus, alius audientibus? [16] Num alia spes uel merces, alia formido iudicii, alia necessitas paenitentiae ? Lavacrum illud obsignatio est fidei, quae fides a paenitentiae fide incipitur et commendatur. [17] Non ideo abluimur ut delinquere desinamus, sed quia desiimus, quoniam iam corde loti sumus: haec enim prima audientis intinctio est. Metus integer exinde quod dominum senserit; fides sana conscientia semel paenitentiam amplexata! [18] Ceterum si ab aquis peccare desistimus, necessitate, non sponte, innocentiam induimus. Quis ergo in bonitate praecellens ? cui non licet aut cui displicet malo esse ? qui iubetur an qui delectatur a crimine vacare ? [19] Ergo nec a furto manus avertamus, nisi claustrorum duritia repugnet, nec oculos a stupri concupiscentiis refrenemus, nisi a custodibus corporum obstructi, si nemo domino debitus delinquere desinet nisi intinctione alligatus. [20] Quodsi qui ita senserit, nescio an intinctus magis contristetur quod peccare desierit, quam laetetur quod evaserit! Itaque audientes optare intinctionem, non praesumere oportet. [21] Qui enim optat, honorat; qui praesumit, superbit; in illo verecundia, in isto autem petulantia apparet; ille satagit, hic neglegit; ille emerere cupit, at hic ut debitum sibi repromittit; ille sumit, hic invadit. [22] Quem censeas digniorem nisi emendatiorem? quem emendatiorem nisi timidiorem et idcirco vera paenitentia functum ? timuit enim adhuc delinquere, ne non mereretur accipere. [23] At ille praesumptor cum sibi repromitteret, securus scilicet, timere non potuit: sic nec paenitentiam implevit, quia instrumento paenitentiae, id est metu, caruit. [24] Praesumptio inverecundiae portio est: inflat petitorem, despicit datorem; itaque decipit nonnumquam. Ante enim quam debeatur repromittit, quo semper is qui est praestaturus offenditur.
Übersetzung
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De la pénitence
VI.
Tout ce que notre faiblesse s'est efforcée de suggérer sur la nécessité d'embrasser la pénitence et de persévérer dans cette voie, concerne tous les serviteurs de Dieu, sans doute, puisqu'ils aspirent au salut en se rendant Dieu favorable, mais s'adresse principalement à ces néophytes, dont les oreilles commencent à peine à s'abreuver des discours divins, et qui, pareils à des animaux qui ne font que de naître, rampent d'un pas incertain avant que leurs yeux soient bien ouverts, affirment qu'ils renoncent à leur vie passée, et adoptent la pénitence, mais négligent de la pratiquer. En effet, le repentir lui-même les porte à regretter quelque chose de leurs anciennes voies, à peu près comme ces fruits qui, lorsqu'ils commencent à se corrompre et à devenir amers, gardent encore une partie de leur éclat. Toutes ces lenteurs, toutes ces tergiversations criminelles à l'égard de la pénitence proviennent d'un préjugé sur la vertu du baptême. Dans la certitude où sont les catéchumènes que leurs fautes leur sont remises, ils dérobent à leur profit le temps qui leur reste jusqu'à ce jour, profitant de ce délai pour pécher, au lieu d'apprendre à s'abstenir. Quel calcul, aussi insensé qu'injuste, de ne pas accomplir la pénitence et d'espérer le pardon de ses fautes, c'est-à-dire, de ne pas payer le prix, et de tendre la main pour recevoir la marchandise! Le Seigneur, en effet, a mis le pardon à ce prix: il nous offre l'acquisition de l'impunité en échange de la pénitence. Si le vendeur commence par examiner l'argent qui lui est compté, afin de reconnaître s'il n'est pas rogné, sans empreinte ou altéré, nous devons croire que le Seigneur éprouve aussi la pénitence avant de nous accorder une récompense qui n'est rien moins que la vie éternelle.
Mais ajournons pour quelques moments la sincérité de la pénitence. Sommes-nous purifiés par la raison que nous sommes absous? non, assurément. Nous le sommes lorsqu'à l'approche du pardon la dette de la peine est acquittée; lorsque nous ne méritons plus d'être délivrés pour pouvoir le mériter; lorsqu'enfin Dieu menace, et non lorsqu'il pardonne. Quel est, en effet, l'esclave qui, une fois affranchi, se reproche ses larcins et ses fuites? Quel est le soldat qui, une fois libéré de la milice, prend souci de ses flétrissures? Le pécheur doit donc pleurer ses fautes avant le jour du pardon, parce que le temps de la pénitence est un temps de péril et de crainte. Je suis loin de contester à ceux qui vont descendre dans l'eau l'efficacité du bienfait divin, en d'autres termes, le pardon de leurs péchés; mais, pour avoir le bonheur d'y parvenir, il faut des efforts. En effet, ô homme d'un repentir si peu sincère, quelle main oserait te prêter une seule goutte de l'eau quelle qu'elle soit! Sans doute il l'est facile d'approcher furtivement et de tromper par tes serments celui qui est préposé à ce ministère; mais Dieu lui-même veille sur son trésor, et ne permet pas que des sujets indignes se glissent jusqu'à lui. ---- D'ailleurs, pourquoi dit-il: « Il n'y a rien de si secret qui ne soit révélé? » De quelques ténèbres que tu recouvres tes actions, « Dieu est lumière. »
D'autres raisonnent ainsi: Dieu a promis, il est donc obligé d'accorder, même à ceux qui ne le méritent pas. Ils font de la générosité de Dieu une servitude. Si c'est par nécessité qu'il brise pour nous le contrat de la mort, c'est donc malgré lui qu'il le fait; car qui laisse subsister une chose qu'il accorda malgré lui?
---- Mais, dira-t-on, bien des hommes ne retombent-ils pas après le baptême? N'en est-il pas un grand nombre qui sont dépouillés de ce bienfait? ---- Sans doute: ce sont ceux qui se glissent furtivement; ceux qui, se confiant dans leur prétendue pénitence, « ont bâti sur le sable une maison qui devait crouler. » Ainsi, parce qu'un homme est admis au noviciat des Auditeurs, qu'il n'aille pas se flatter de l'espoir qu'il lui est encore permis de pécher! Dès que tu connais Dieu, il faut le craindre; dès que tu le contemples, il faut le révérer. D'ailleurs, à quoi te servirait de le connaître, si tu marches dans les mêmes voies qu'aux jours de ton ignorance? Quelle différence y a-t-il entre toi et un parfait serviteur de Dieu? Y a-t-il un Christ pour ceux qui sont baptisés, et un Christ pour les Auditeurs? Y a-t-il deux craintes, deux espérances, deux craintes du jugement, deux nécessités de la pénitence? Le bain régénérateur est le sceau de la foi; cette foi commence et se recommande par la sincérité de la pénitence. Nous ne sommes pas lavés pour que nous cessions de pécher, mais parce que nous avons cessé, et que nous sommes déjà lavés au fond du cœur. Voilà le premier baptême, de l'Auditeur: une crainte entière; puis, du moment qu'on s'approche du Seigneur, une foi pure et une conscience qui a embrassé une bonne fois la pénitence. D'ailleurs, si nous ne cessons de pécher qu'au sortir de l'eau baptismale, c'est par nécessité et non par choix que nous revêtons l'innocence. Or, lequel des deux a quelque mérite à être vertueux, de celui qui ne peut pas être criminel, ou de celui qui ne le veut pas? de celui auquel il est enjoint de s'abstenir, ou de celui qui s'abstient volontairement? Eh bien! ne détournons nos mains du larcin, qu'autant que la solidité des barrières s'y refuse; n'interdisons à nos yeux les regards de la concupiscence, qu'autant que nous serons arrêtés dans l'adultère par des gardiens vigilants, s'il est vrai que nul de ceux qui se donnent à Dieu ne doive renoncer au péché que lié par les engagements du baptême. Quiconque a ces sentiments, une fois baptisé, doit plus s'attrister, si je ne me trompe, d'avoir répudié le péché, que se réjouir d'y avoir échappé.
Les Auditeurs doivent donc désirer le baptême, mais non le précipiter. Qui le désire l'honore; qui le précipite n'est qu'un orgueilleux. Dans le premier, c'est respect, dans le second, irrévérence; celui-ci s'impose des efforts, celui-là se livre à la négligence; celui-ci aspire à mériter, celui-là réclame l'acquittement d'une dette; celui-ci reçoit, celui-là envahit. Lequel, à ton avis, est le plus digne de cette grâce, sinon le mieux corrigé? le mieux corrigé, sinon le plus réservé? par conséquent, celui qui a fait une pénitence véritable. En effet, il a craint de pécher par la crainte de ne pas recevoir. Au contraire, cet autre orgueilleux, qui se promettait le bienfait comme l'acquittement d'une dette, n'a pas pu craindre dans sa folle sécurité; par conséquent il n'a pas rempli les conditions de la pénitence, puisqu'il n'a pas eu la crainte, qui est l'instrument de la pénitence. La présomption est une partie de l'impudeur; elle enfle celui qui demande, elle méprise celui qui donne; souvent même elle le trompe. En effet, elle sollicite comme un droit, avant d'avoir mérité, moyen infaillible d'offenser le maître du bienfait.