Edition
Masquer
De Paenitentia
X.
[1] Plerosque tamen hoc opus ut publicationem sui aut suffugere aut de die in diem differre praesumo pudoris magis memores quam salutis, velut illi, qui in partibus verecundioribus corporis contracta vexatione conscientiam medentium vitant et ita cum erubescentia sua pereunt. [2] Intolerandum scilicet pudori domino offenso satisfacere, saluti prodactae reformari! Ne tu verecundia bonus, ad delinquendum expandens frontem, ad deprecandum vero subducens! [3] Ego rubori locum non facio, cum plus de detrimento eius adquiro, cum ipse hominem quodammodo exhortatur 'ne me respexeris', dicens, 'pro te mibi melius est perire'. [4] Certe periculum eius tunc, si forte, onerosum est, cum penes insultatores in risiloquio consistit, ubi de alterius ruina alter attollitur, ubi prostrato superscenditur; ceterum inter fratres atque conservos, ubi communis spes metus gaudium dolor passio, quia communis spiritus de communi domino et patre, quid tu hos aliud quam te opinaris? [5] Quid consortes casuum tuorum ut plausores fugis? Non potest corpus de unius membri vexatione laetum agere: condoleat universum et ad remedium conlaboret necesse est. [6] In uno et altero ecclesia est, ecclesia vero Christus: ergo, cum te ad fratrum genua protendis, Christum contrectas, Christum exoras; aeque illi cum super te lacrimas agunt, Christus patitur, Christus patrem deprecatur. Facile inpetratur semper quod filius postulat.
[7] Grande plane emolumentum verecundiae occultatio delicti pollicetur! Videlicet si quid humanae notitiae subduxerimus, proinde et dominum celabimus ? [8] Adeone existimatio hominum et dei conscientia comparantur ? An melius est damnatum latere quam palam absolvi? [9] 'Miserum est sic ad exomologesin pervenire'. Malo enim † amans si pervenitur; sed ubi paenitendum est, deserit miserum, quia factum est salutare. [10] Miserum est secari et cauterio exuri et pulveris alicuius mordacitate cruciari: tamen quae per insuavitatem medentur, et emolumento curationis offensam sui excusant et praesentem iniuriam superventurae utilitatis gratia commendant.
Traduction
Masquer
De la pénitence
X.
La plupart, cependant, reculent devant la pénitence, comme devant une déclaration qui les affiche eu public, ou bien la remettent de jour en jour, plus dociles, si je ne me trompe, à la voix de la honte qu'à celle du salut, à peu près comme ces malades qui, rougissant de découvrir à l'œil du médecin leurs plaies secrètes, meurent dans leur fausse honte. Quoi! il sera intolérable à la honte de satisfaire à un Dieu que l'on a offensé, et d'être rendu au salut que l'on a dissipé! Belle excuse que ta honte, en vérité; tu marchais dans le crime tête levée, tu n'oses courber ta tête pour conjurer l'orage! Pour moi, je n'écoule point la honte quand il m'est plus avantageux de la fouler aux pieds, lorsque l'Esprit lui-même adresse en quelque sorte à l'homme cette exhortation: « Ne prétends pas m'honorer en disant: Il vaut mieux que je périsse par toi. » Assurément tu aurais quelques périls à redouter si on se prévalait de ta déclaration pour t'insulter par la moquerie, comme on le fait dans le monde, où l'affliction de l'un est le triomphe de l'autre, et où l'on s'élève sur les ruines d'autrui. Mais, d'ailleurs, au milieu de tes frères qui servent comme toi le même maître, qui n'ont avec toi qu'une même espérance, une même crainte, une même joie, une même douleur, une même souffrance, parce que l'Esprit est commun à tous ceux qui ont le même Seigneur et le même Père, pourquoi les crois-tu d'une autre nature que toi? Pourquoi fuis-tu ceux qui tombent comme toi, comme s'ils devaient applaudir à ta chute? Le corps ne peut se réjouir des douleurs d'un de ses membres: loin de là, il faut qu'il souffre tout entier, et que tout entier il concoure à la guérison. L'Eglise est dans deux ou trois fidèles; mais l'Eglise c'est Jésus-Christ. Ainsi, quand tu fléchis les genoux devant tes frères, c'est le Christ que tu touches, le Christ que tu implores. De même, quand ils répandent des larmes sur toi, c'est encore le Christ qui souffre, le Christ qui invoque son Père. Ce qu'un fils demande il l'obtient facilement. Vraiment la dissimulation qui cache son péché se promet de grands avantages de cette mauvaise honte! En effet, nous parviendrons à cacher à Dieu ce que nous dérobons à la connaissance de l'homme! Est-il bien vrai que nous mettons en parallèle le jugement de l'homme et la conscience de Dieu? Vaut-il mieux se damner en secret que d'être absous en public? Il est douloureux d'arriver par cette voie à l'exomologèse. En effet, on arrive à la douleur par le mal; mais puisqu'on ne peut guérir qu'au prix de la pénitence, l'affliction disparaît parce qu'elle est salutaire. Il est douloureux de subir une amputation, d'être brûlé par un cautère, et d'être torturé par l'aiguillon mordant de quelque poudre; mais on pardonne volontiers aux remèdes qui guérissent par la douleur ce qu'ils ont de pénible, et le bienfait à venir étouffe le mal présent.