Edition
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De Paenitentia
III.
[1] Quorum ergo paenitentia iusta et debita videatur, id est quae delicto deputanda sint, locus quidem expostulat denotare, sed otiosum videri potest. [2] Domino enim cognito ultro spiritus a suo auctore respectus emergit ad notitiam veritatis et admissus ad dominica praecepta ex ipsis statim eruditur id peccato deputandum, a quo deus arceat: quoniam, cum deum grande quid boni constet esse, utique bono nisi malum non displiceret, quod inter contraria sibi nulla amicitia est. [3] Praestringere tamen non pigebit delictorum quaedam esse carnalia, id est corporalia, quaedam vero spiritalia — nam cum ex hac duplicis substantiae eongregatione confectus homo sit, non aliunde delinquit quam unde constat —; [4] sed non eo inter se differunt, quod corpus et spiritus duo sunt, atquin eo magis paria sunt, quia duo unum efficiunt, ne quis pro diversitate materiarum peccata earum discernat ut alterum altero levius aut gravius existimet. [5] Siquidem et caro et spiritus dei res, alia manu eius expressa, alia adflatu [eius] consummata; cum ergo ex pari ad dominum pertineant, quodcumque eorum deliquerit ex pari dominum offendit. [6] An tu discernas actus carnis et spiritus, quorum et in vita et in morte et in resurrectione tantum communionis atque consortii est, ut pariter tunc aut in vitam aut in iudicium suscitentur, quia scilicet pariter aut deliquerint aut innocenter egerint?
[7] Hoc eo praemisimus ut non minorem alteri quam utrique parti, si quid deliquerit, paenitentiae necessitatem intellegamus inpendere; communis reatus amborum est, communis et iudex, deus scilicet: communis igitur et paenitentiae medella. [8] Exinde spiritalia et corporalia nominantur, quod delictum omne aut agitur aut cogitatur, ut corporale sit quod in facto est quia factum ut corpus et videri et contingi habet, spiritale vero quod in animo est quia ut spiritus neque videtur neque tenetur. [9] Per quod ostenditur non facti solum, verum et voluntatis delicta vitanda et paenitentia purganda esse. Neque enim, si mediocritas humana facti solummodo iudicat quia voluntatis latebris par non est, idcirco [etiam] crimina eius etiam sub deo neglegamus. [10] Deus in omnia sufficit; nihil a conspectu eius remotum unde omnino delinquitur; quia non ignorat, nec omittit quominus in iudicium decernat: dissimulator et praevaricator perspicaciae suae non est! [11] Quid quod voluntas facti origo est? Viderint enim, si qua casui aut necessitati aut ignorantiae inputantur, quibus exceptis iam non nisi voluntate delinquitur. [12] Cum ergo facti origo sit, non tanto potior ad poenam est quanto principalis ad culpam? Qua ne tunc quidem liberatur cum aliqua difficultas perpetrationem eius intercipit: ipsa enim sibi inputatur nec excusari poterit per illam perficiendi infelicitatem, operata quod suum fuerat. [13] Denique dominus quemadmodum se adiectionem legi superstruere demonstrat nisi et voluntatis interdicendo delicta? Cum adulterum non eum solum definit qui comminus in alienum matrimonium cecidisset, verum etiam illum qui adspectus concupiscentia contaminasset. [14] Adeo quod prohibetur administrare, satis periculose animus sibi repraesentat et temere per voluntatem expungit effectum. Cuius voluntatis cum vis tanta sit ut nos solatio sui saturans pro facto cedat, pro facto ergo plectetur. [15] Vanissimum est dicere: 'volui nec tamen feci'; atquin perficere debes quia vis, aut nec velle quia nec perficis. [16] Sed ipse conscientiae tuae confessionem pronuntias, nam si bonum concupisceres, perficere gestisses; porro si ut malum non perficis, nec concupiscere debueras: quaqua te constitueris, crimini adstringeris qua aut malum volueris aut bonum non adinpleveris!
Übersetzung
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De la pénitence
III.
Dans quelles circonstances la pénitence est-elle juste et légitime, c'est-à-dire dans les actions réputées criminelles? le lieu demande cette explication, mais elle peut sembler oiseuse. En effet, une fois que l'on connaît le Seigneur, l'esprit, éclairé par son auteur, arrive de lui-même à la connaissance de la vérité, et admis aux préceptes du Seigneur, apprend de ces mêmes préceptes à regarder comme péché tout ce que Dieu défend. Dieu, en effet, étant le bien infini, il est clair qu'un être bon ne peut haïr que le mal, puisque d'amitié entre les contraires, il n'en existe pas. Toutefois il ne sera point hors de propos de dire, en passant, qu'il y a des péchés charnels et des péchés spirituels. L'homme est formé par la réunion de deux substances: il devra donc pécher suivant sa double nature. Mais ils ne diffèrent pas entre eux, par la raison qu'il y a deux êtres distincts, l'esprit et le corps. Loin de là, ils sont plutôt semblables, par la raison que deux êtres distincts concourent à un seul et même péché. Ainsi, que personne ne s'autorise de la diversité des substances pour établir qu'un péché est plus léger ou plus grave qu'un autre. La chair et l'esprit appartiennent au même Dieu; l'une fut pétrie par sa main, l'autre créé par son souffle. Puisqu'ils appartiennent également au Seigneur, quelle que soit la substance qui pèche, elle offense également le Seigneur. Pourquoi distinguer les actes de la chair et de l'esprit, puisque dans la vie, dans la mort, dans la résurrection, la chair et l'esprit sont tellement unis et inséparables, qu'ils ressuscitent également pour la vie et pour le jugement, parce que c'est ensemble qu'ils ont vécu dans le péché ou dans l'innocence?
Nous avons établi ces principes afin de faire bien comprendre que, s'il y a eu péché, la nécessité de la pénitence n'est pas moindre pour une substance que pour l'autre: leur crime est commun, leur juge est le même, c'est-à-dire Dieu; il faut donc aussi que le remède de la pénitence soit le même.
On nomme les péchés, les uns corporels, les autres spirituels, parce que tout péché se commet par action ou par pensée. Pour qu'il soit corporel, il faut qu'il y ait eu action, parce que le fait peut être vu et touché à la manière d'un corps. Le péché spirituel, c'est celui qui réside dans l'esprit, parce qu'un esprit ne peut ni être vu, ni être saisi. Il est démontré par là qu'il faut éviter et purifier par la pénitence, non-seulement les actions criminelles, mais encore les prévarications de la volonté. Si, en effet, la faiblesse de l'homme ne juge que le fait extérieur, parce qu'elle ne peut descendre dans les ténèbres de la volonté, nous ne devons pas en conclure que nous pouvons, sous l'œil de Dieu, nous endormir sur les crimes de la volonté. Dieu suffit à tout; rien de ce qui peut l'offenser n'est éloigné de sa présence. Puisqu'il connaît tout, il en tient nécessairement compte pour prononcer son jugement; il ne peut ni dissimuler ni mentir à sa propre science. Quoi donc? la volonté n'est-elle pas l'origine de l'acte? Que quelques-uns puissent être imputés au hasard, à la nécessité ou à l'ignorance, qu'importe? Après ces exceptions, les autres naissent de la volonté. Puisque la volonté est la source du mal, la faculté, qui a eu la part principale dans la faute, ne sera-t-elle pas punie d'autant plus justement qu'elle n'est pas même mise hors de cause quand un obstacle entrave son exécution? car elle est responsable d'elle-même vis-à-vis d'elle-même. Cette impuissance d'exécution ne pourra lui servir d'excuse: elle a fait tout ce qui était en elle.
D'ailleurs, comment le Seigneur nous prouve-t-il qu'il ajoute à la loi ancienne, sinon en interdisant les prévarications de la volonté? Il appelle adultère non pas seulement celui qui a violé la sainteté du mariage, mais celui qui l'a profanée par la convoitise du regard. Tant il est vrai que l'esprit, pour n'avoir pas vaincu l'obstacle qui l'empêche d'agir, n'en est pas moins coupable, et qu'il a réalisé l'acte au fond de sa volonté. Puisque telle est la puissance de la volonté, pourquoi, dès-lors qu'elle a joui intérieurement d'elle-même, ne serait-elle pas regardée comme une action? Elle sera donc punie comme une action. C'est une folie que de dire: J'ai voulu, mais je n'ai pas exécuté. Que dis-je? Tu dois consommer l'acte, puisque tu le veux; ou ne pas le vouloir, puisque tu ne le consommes pas. Mais voilà plus: tu te condamnes toi-même par l'aveu de la conscience. Car, si tu désirais le bien, tu t'efforcerais de l'accomplir; or, tu n'accomplis pas le mal, donc tu ne devais pas le désirer. De quelque côté que tu te tournes, tu es coupable ou d'avoir voulu le mal, ou de n'avoir pas accompli le bien.