Edition
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De Paenitentia
V.
[1] Hoc enim dico, paenitentiam, quae per dei gratiam ostensa et indicta nobis in gratiam nos domino revocat, semel cognitam atque susceptam numquam posthac iteratione delicti resignari oportere. [2] Iam quidem nullum ignorantiae praetextum patrocinatur tibi, quod domino adgnito praeceptisque eius admissis, denique paenitentia delictorum functus, rursus te in delicta restituis. [3] Ita in quantum ab ignorantia segregaris, in tantum contumaciae adglutinaris; nam si idcirco te deliquisse paenituerat quia dominum coeperas timere, cur quod metus gratia gessisti rescindere maluisti nisi quia metuere desisti? [4] Neque enim timorem alia res quam contumacia subvertit. Cum autem etiam ignorantes dominum nulla exceptio tueatur a poena, quia deum in aperto constitutum et vel ex ipsis caelestibus bonis conprehensibilem ignorari non licet, quanto cognitum despici periculosum est? [5] Despicit porro qui, bonorum ac malorum intellectum ab illo consecutus, quod intellegit fugiendum quodque iam fugit resumens intellectui suo id est dei dono contumeliam facit: respuit datorem, cum datum deserit; negat beneficium, cum beneficum non honorat! [6] Quemadmodum ei potest placere cuius munus sibi displicet? Ita in dominum non modo contumax sed etiam ingratus apparet.
[7] Ceterum non leviter in dominum peccat qui, cum aemulo eius diabolo paenitentia sua renuntiasset et hoc nomine illum domino subiecisset, rursus eundum regressu suo erigit et exultationem eius semetipsum facit, ut denuo malus recuperata praeda sua adversus dominum gaudeat. [8] Nonne — quod dicere quoque periculosum est, sed ad aedificationem proferendum [est] — diabolum domino praepones? Conparationem enim videtur egisse, qui utrumque cognoverit, et iudicato pronuntiasse eum meliorem, cuius se rursus esse maluerit! [9] Ita qui per delictorum paenitentiam instituerat domino satisfacere, diabolo per aliam paenitentiae paenitentiam satisfaciet eritque tanto magis perosus deo quanto aemulo eius acceptus.
[10] Sed aiunt quidam satis dominum habere, si corde et animo suscipiatur, licet actu minus fiat; itaque se salvo metu et fide peccare, hoc est salva oastitate matrimonia violare, salva pietate parenti venenum temperare. [11] Sic ergo et ipsi salva venia in gehennam detrudentur, dum salvo metu peccant. [12] Pro mirum exemplum perversitatis: quia timent delinquunt; opinor non delinquerent, si non timerent! [13] Igitur qui deum nolet offensum, nec revereatur omnino, si timor offendendi patrocinium est! Sed ista ingenia de semine hypocritarum pullulare consuerunt, quorum individua cum diabolo amicitia est, quorum paenitentia numquam fidelis.
Übersetzung
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De la pénitence
V.
En effet, je déclare qu'une fois connue et embrassée par nous, cette pénitence qui, nous ayant été montrée et ordonnée par la miséricorde de Dieu, nous rétablit dans son amitié, ne peut plus désormais être brisée par la réitération du péché. Dès-lors tu ne peux plus prétexter l'ignorance quand, après avoir une fois connu le Seigneur et embrassé ses préceptes, après avoir expié tes fautes par la pénitence, tu retournes au péché. Ainsi, plus tu échappes à l'ignorance, plus tu restes enlacé dans l'accusation de révolte. Car si tu avais commencé de te repentir parce que tu avais commencé de craindre le Seigneur, pourquoi interrompre ce que tu as entrepris par le motif de la crainte, sinon parce que tu as cessé de craindre? Or, rien ne détruit mieux la crainte que la révolte. Et si l'ignorance même du Seigneur n'est pas un abri contre le châtiment, parce qu'il n'est pas permis d'ignorer Dieu qui est visible à tous, et qui s'atteste lui-même par la manifestation de ses œuvres, qu'il est dangereux de le mépriser après l'avoir connu! Or il le méprise, celui qui ayant obtenu de lui le discernement du bien et du mal, foule aux pieds son discernement, c'est-à-dire le don de Dieu, en revenant à ce qu'il sait qu'il faut fuir, à ce qu'il a déjà fui lui-même. Il repousse le donateur quand il dédaigne le don; il répudie le bienfait lorsqu'il cesse d'honorer le bienfaiteur. Comment Dieu peut-il lui plaire, puisque les dons de Dieu lui déplaisent? De là vient qu'il est non-seulement coupable de révolte contre Dieu, mais d'ingratitude.
D'ailleurs, après avoir terrassé par la pénitence l'ennemi de Dieu, et à ce titre l'avoir soumis au Seigneur, est-ce faire une médiocre insulte à celui-ci, que de relever par sa chute son rival, et de lui préparer un trophée dans sa personne, afin que l'esprit mauvais, reconquérant sa proie sur le Seigneur, triomphe une seconde fois? N'est-ce pas là, chose périlleuse à dire, mais qu'il faut proclamer néanmoins pour l'édification! n'est-ce pas là sacrifier le Seigneur au démon? Il semble en effet que le transfuge ait établi une comparaison, puisqu'il connaissait l'un et l'autre, et qu'il ait décidé, après mûr examen, que celui-là est le meilleur auquel il a préféré appartenir une seconde fois. Ainsi, celui qui avait commencé de satisfaire à Dieu par la pénitence de ses péchés, satisfera au démon par une pénitence contraire, et deviendra par conséquent aussi odieux au Seigneur qu'agréable à son ennemi.
Mais, disent quelques-uns, Dieu se contente de l'hommage du cœur et de l'esprit, sans avoir besoin de l'acte extérieur. Nous péchons donc sans perdre ni la crainte ni la foi. Qu'est-ce à dire? Vous profanez le mariage en gardant la chasteté; vous administrez le poison à votre père, en gardant la piété filiale. Eh bien! puisque vous péchez sans cesser de craindre, vous serez précipités dans l'enfer sans perdre le pardon. Quel renversement d'idées! Ils pèchent parce qu'ils craignent; ils ne pécheraient pas, j'imagine, s'ils ne craignaient pas. Ainsi, quiconque ne voudra point offenser Dieu se dispensera de le vénérer, puisque la crainte est une autorité pour l'offenser. Mais de tels esprits germent ordinairement de la semence des hypocrites qu'une amitié inviolable unit au démon, et dont la pénitence n'est jamais sincère.