Edition
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De carne Christi
XXIII
[1] Sed agnoscimus adimpleri propheticam vocem Simeonis super adhuc recentem infantem dominum pronuntiatam, Ecce hic positus est in ruinam et suscitationem multorum in Israel et in signum quod contradicitur. signum enim nativitatis Christi secundum Esaiam: Propterea dabit vobis dominus ipse signum: ecce virgo concipiet in utero et pariet filium. [2] agnoscimus ergo signum contradicibile conceptum et partum virginis Mariae, de quo Academici isti, 'Peperit et non peperit virgo et non virgo.' quasi non, et si ita dicendum esset, a nobis magis dici conveniret: peperit enim quae ex sua carne, et non peperit quae non ex viri semine, et virgo quantum a viro, non virgo quantum a partu-- [3] non tamen, ut ideo non pepererit quae peperit quia non ex sua carne, et ideo virgo quae non virgo quia non de visceribus suis mater. sed apud nos nihil dubium, nec retortum in ancipitem defensionem: lux lux et tenebrae tenebrae et est est et non non: quod amplius hoc a malo est. peperit quae peperit, et si virgo concepit in partu suo nupsit: [4] nam nupsit ipsa patefacti corporis lege, in quo nihil interfuit de vi masculi admissi an emissi: idem illud sexus resignavit. haec denique vulva est propter quam et de aliis scriptum est, Omne masculinum adaperiens vulvam sanctum vocabitur domino. quis vere sanctus quam sanctus ille dei filius? quis proprie vulvam adaperuit quam qui clausam patefecit? [5] ceteris omnibus nuptiae patefaciunt. itaque magis patefacta est quia magis erat clausa. utique magis non virgo dicenda est quam virgo, saltu quodam mater antequam nupta. et quid ultra de hoc retractandum est? cum hac ratione apostolus non ex virgine sed ex muliere editum filium dei pronuntiavit agnovit adapertae vulvae nuptialem passionem. [6] legimus quidem apud Ezechielem de vacca illa quae peperit et non peperit: sed videte ne vos iam tunc providens spiritus sanctus notarit hac voce disceptaturos super uterum Mariae. ceterum non contra illam suam simplicitatem pronuntiasset dubitative, Esaia dicente Concipiet et pariet.
Traduction
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De la chair de Jesus-Christ
XXIII.
Ainsi s'accomplit sous nos yeux la parole prophétique que Siméon prononça sur le Seigneur qui venait de naître: « Voici celui qui est établi pour la ruine et pour la résurrection de plusieurs en Israël, et comme un signe de contradiction. « C'est le signe de la naissance du Christ, annoncé par Isaïe: « Aussi le Seigneur vous donnera-t-il un signe; une Vierge concevra et enfantera un Fils. » Le voilà bien ce signe de contradiction, la conception et l'enfantement de la Vierge Marie! Elle a enfanté et n'a pas enfanté; elle est Vierge et n'est pas Vierge, s'écrient les disciples de l'Académie, comme si, dans le cas où il faudrait s'exprimer avec cette légèreté, un pareil langage ne nous convenait pas mieux. En effet, elle a enfanté, puisque son Fils est né de sa chair, et elle n'a pas enfanté; puisque son Fils n'est pas né du concours de l'homme. Elle est Vierge par rapport à l'homme; elle n'est pas Vierge en ce qu'elle a enfanté. Toutefois, on ne peut pas dire avec nos adversaires: Elle a enfanté et n'a pas enfanté; elle est Vierge et n'est pas Vierge, parce qu'elle n'est pas mère du fruit de ses entrailles. Chez nous, point d'équivoque; rien qui soit détourné à double sens. La lumière est pour nous la lumière, les ténèbres sont les ténèbres, « un oui est un oui, un non est un non; ce qui va plus loin, est l'œuvre du démon. » Marie est mère, parce qu'elle a enfanté. Elle a conçu étant vierge, soit; mais elle a été femme dans l'enfantement, et son fruit a ouvert son sein, selon la loi de la maternité; en sorte que, peu importe la violence de l'homme, ou l'enfantement sans violence, son sein a été brisé. Enfin, voilà le sein à cause duquel il a été dit de tous les autres: « Tout enfant mâle ouvrant le |431 sein d'une mère sera consacré au Seigneur. » Quel autre est véritablement saint, sinon le Fils de Dieu? De qui peut-on dire proprement qu'il a ouvert le sein, sinon de celui qui l'a ouvert lorsqu'il était fermé? Au reste, le mariage ouvre le sein qui conçoit. Le sein de Marie a donc été d'autant plus ouvert, qu'il était plus fermé, Conséquemment, on pourrait plutôt refuser qu'accorder le titre de vierge à celle qui fut mère par anticipation avant de devenir femme. Mais pourquoi m'arrêter davantage là-dessus? L'Apôtre, en disant sur ce fondement « que le Fils de Dieu est né d'une femme, » et non d'une vierge, a reconnu que le sein fut ouvert, comme chez les autres femmes qui devenaient mères. Il est question dans Ezéchiel « d'une génisse qui engendra et n'engendra pas. » Prenez garde que dans sa prescience l'Esprit saint ne se soit élevé d'avance par ces mots contre vos disputes futures sur l'enfantement de Marie. D'ailleurs, jamais il n'en eût parlé sous forme de doute, contrairement à sa simplicité ordinaire, puisqu'Isaïe affirme qu'une Vierge concevra et enfantera.