Edition
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De carne Christi
XXIV
[1] Quod enim et alias [Esaias] iaculatur in suggillatione haereticorum ipsorum, et imprimis Vae qui faciunt dulce amarum et tenebras lucem, istos scilicet notat qui nec vocabula ipsa in luce proprietatum suarum conservant ut anima non alia sit quam quae vocatur et caro non alia quam quae videtur et deus non alius quam qui praedicatur. [2] ideo etiam Marcionem prospiciens, Ego sum, inquit, deus, et alius absque me non est. et cum alio idipsum modo dicit, Ante me deus non fuit, nescioquas illas Valentinianorum aeonum genealogias pulsat. et Non ex sanguine neque ex carnis aut viri voluntate sed ex deo natus est, Hebioni respondit. aeque Etiamsi angelus de caelis aliter evangelizaverit vobis quam nos anathema sit, ad energema Apelleiacae virginis Philumenes [filium] dirigit. [3] certe Qui negat Christum in carne venisse hic antichristus est, nudam et absolutam et simplici nomine naturae suae pronuntians carnem, omnes disceptatores eius ferit, sicut et definiens ipsum quoque Christum unum multiformis Christi argumentatores quatit, qui alium faciunt Christum alium Iesum, alium elapsum de mediis turbis alium detentum, alium in secessu montis in ambitu nubis sub tribus arbitris clarum alium ceteris passivum,
Traduction
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De la chair de Jesus-Christ
XXIV.
Les paroles par lesquelles Isaïe flétrit les hérétiques, et surtout ces mots: « Malheur à vous qui changez l'amertune en douceur et les ténèbres en lumière, » s'adressent à ceux qui ne conservent point à ces mots leur signification claire et naturelle, en sorte que l'âme ne soit pas autre chose que l'âme connue sous ce nom, la chair autre chose que la chair que nous voyons, ni Dieu un autre Dieu que celui qui est annoncé. Voilà pourquoi, jetant d'avance les yeux sur Marcion, il dit: « Je suis Dieu, et il n'y a pas d'autre Dieu que moi. » Quand il déclare ailleurs de la même manière qu'il « n'y a pas de Dieu avant lui, » il réduit au néant ces je ne sais quelles générations d'Eons, rêvées par les Valentiniens. Par ces mots: «Ce n'est pas du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu qu'il est né, » il a répondu d'avance à Ebion. Enfin, cet oracle: « Quand |432 même un ange descendu du ciel vous annoncerait un autre Evangile que celui que je vous annonce, qu'il soit anathème! » retombe sur les prestiges de Philumène, cette vierge d'Apelles. Il n'en faut point douter, quiconque nie « que le Christ soit venu dans une chair semblable à la nôtre, est un ennemi du Christ. » En déclarant que cette chair est une chair véritable, complète, et prise dans l'acception ordinaire de sa nature, on tranche toutes les disputes que l'on élève à ce sujet. De même, quiconque établit que le Christ est un, renverse les arguments de ceux qui, introduisant un Christ multiple, veulent qu'antre soit le Christ, autre Jésus; autre celui qui s'échappa du milieu de la foule, autre celui qui fut arrêté; autre celui qui se manifesta sur une montagne écartée, à trois témoins, au milieu d'une nuée brillante de lumière, autre celui qui, pour le reste des hommes, se montra sans gloire et homme de douleurs; autre celui qui fut magnanime, autre celui qui trembla; enfin, autre celui qui subit la mort, autre celui qui ressuscita, événement dont ils attendent, eux-mêmes leur propre résurrection, mais dans une antre chair. Heureusement que le même Christ qui a souffert « descendra des deux; » ce même Christ ressuscité se manifestera à tous. « Ceux qui l'ont attaché à la croix le verront et le reconnaîtront, » oui, dans cette même chair qu'ils ont si cruellement déchirée, sans laquelle il ne pourra ni exister, ni être reconnu, afin de couvrir de confusion ceux qui affirment que cette chair repose dans le ciel, dépourvue de tout sentiment, et comme une sorte de fourreau dans lequel n'est plus le Christ, ou qu'elle est chair et âme tout à la fois, ou qu'elle est âme seulement sans être chair désormais.