Edition
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De Exhortatione Castitatis
II.
[1] Quam denique modesta illa uox est: Dominus dedit, dominus abstulit, ut domino uisum est, ita factum est. Et ideo si nuptias sublatas restauremus, sine dubio contra uoluntatem dei nitimur, uolentes habere rursus quod habere nos noluit. Si enim uoluisset, non abstulisset. Nisi si et hoc uoluntatem dei interpretamur, quasi et rursus nos uoluerit habere quod iam noluit. [2] Non est bonae et solidae fidei sic omnia ad voluntatem dei referre, et ita adulari < sibi > unumquemque dicendo nihil fieri sine nutu eius, ut non intellegamus esse aliquid in nobis ipsis. Ceterum excusabitur omne delictum, si contenderimus nihil fieri a nobis sine dei uoluntate, et ibit definitio ista in destructionem totius disciplinae, etiam ipsius dei, si aut quae non uult de sua uoluntate producat, aut nihil est quod deus non uult. [3] Sed quomodo uetat quaedam quibus etiam supplicium aeternum comminatur (utique enim quae uetat non uult, a quibus et offenditur), sic et e contrario quae uult et praecipit et accepto facit et aeternitatis mercede dispungit. Igitur cum utrumque ex praeceptis eius didicerimus, quid nolit et quid uelit, tamen nobis est uoluntas et arbitrium eligendi alterum, sicut scriptum est: Ecce posui ante te bonum et malum: gustasti enim de agnitionis arbore. [4] Et ideo non debemus quod nostro expositum est arbitrio in domini referre uoluntatem, quod non ipse uult aut non uult quod bonum est qui malum non uult. Ita nostra est uoluntas, cum malum uolumus aduersus dei uoluntatem, qui bonum uult. [5] Porro si quaeris, unde uenit ista uoluntas, qua quid uolumus aduersus dei uoluntatem, dicam: ex nobis ipsis. Nec temere. Semini enim tuo respondeas necesse est, siquidem ille princeps et generis et delicti Adam uoluit quod deliquit. Neque enim diabolus uoluntatem ei imposuit delinquendi, sed materiam uoluntatis subministrauit. Ceterum uoluntas ei de inobaudientia uenerat. [6] Proinde et tu si non oboedieris deo, qui te proposito praecepto liberae potestatis instituit, per uoluntatis libertatem uolens deuerges in id quod deus non uult, et ita te putas a diabolo subuersum, qui etsi quid uult te uelle quod deus non uult, non tamen facit ut et uelis, quia nec tunc inuitos protoplastos ad uoluntatem delicti subegit, immo neque inuitos neque ignorantes quid deus nollet. [7] Vtique enim nolebat fieri, cui admisso mortem destinabat. Ita diaboli opus unum est, temptare, quod in te est, an uelis. At ubi uoluisti, sequitur ut te sibi subigat, non operatus in te uoluntatem, sed nactus occasionem uoluntatis. [8] Igitur cum solum sit in nobis uelle, et in hoc probetur nostra erga deum mens, an ea uelimus quae cum uoluntate ipsius faciant, alte et impresse recogitandam esse dico dei uoluntatem, quid etiam in occulto uelit.
Traduction
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Exhortation à la chasteté
II.
Quelle modération d'ailleurs dans ce langage: «Le Seigneur me l'a donné; le Seigneur me l'a ôté: il a été fait comme il a semblé bon au Seigneur.» Voilà pourquoi, si nous renouvelons une alliance qui a été détruite, nous allons infailliblement contre la volonté de Dieu, en voulant avoir une seconde fois ce qu'il n'a pas voulu que nous eussions. S'il l'avait voulu, nous l'aurait-il enlevé? A moins de prétendre que Dieu veuille de nouveau ce qu'il avait cessé de vouloir. Il n'appartient point à une foi sincère et bien fondée, de rapporter ainsi toutes choses indistinctement à la volonté de Dieu, et de chercher à se flatter soi-même, en disant que rien n'arrive sans sa volonté, comme si nous oubliions qu'il y a également une détermination en nous. En vérité, l'on excuserait toutes les prévarications, si l'on s'imaginait que rien ne s'accomplit en nous sans la volonté de Dieu. Cette prétention n'irait à rien moins qu'à 'la destruction de la loi tout entière et de Dieu lui-même, s'il était vrai qu'il fît par sa propre volonté ce qu'il ne veut pas, ou qu'il voulût indistinctement toute chose. En effet, quand il défend telle ou telle prévarication, sous peine des supplices éternels, il en résulte qu'il ne veut passée qu'il défend, parce que cela l'offense. De même aussi, ce qu'il veut, il l'ordonne, il le ratifie, il le récompense par le salaire de l'éternité. Lors donc que nous avons appris par ses préceptes ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas, il nous reste encore notre volonté et la liberté de choisir l'un ou l'autre, selon qu'il est écrit: «Voilà que j'ai placé le bien et le mal devant toi.» En effet, tu as goûté à l'arbre de la science. Conséquemment, nous ne devons pas mettre sur le compte de la volonté de Dieu ce qui est laisse à notre libre détermination, puisque celui qui ne veut pus le mal nous a honorés de la liberté. Il suit de là que c'est notre propre volonté qui veut quand nous voulons le mal contre la volonté de Dieu qui veut le bien. D'où provient donc, me demanderas-tu, cette volonté en vertu de laquelle nous voulons quelque chose contre la volonté de Dieu? De nous-mêmes, te répondrai je, et avec fondement. Ne faut-il pas que nous ressemblions à la semence d'où nous sortons? En effet, Adam, ce chef de notre race comme aussi du péché, a voulu quand il a prévariqué. Le démon ne lui a point imposé la volonté de pécher, il n'a fait qu'en fournir le sujet à sa volonté. La volonté de Dieu était qu'il obéît librement. Il en est de même de toi. Si tu n'obéis point à ce Dieu qui après t'avoir montré 1e précepte, t'a donné le libre arbitre pour choisir, c'est par le choix libre de ta volonté que tu pencheras pour ce que Dieu ne veut pas. Tu as été vaincu par le démon qui, tout en voulant que tu veuilles ce que Dieu ne veut pas, ne peut néanmoins te contraindre à vouloir, puisqu'il ne réussit point à forcer nos premiers parents à vouloir malgré eux le péché. Que dis-je? Ils consentirent librement et en sachant bien qe que Dieu ne voulait pas: il ne voulait pas sans doute ce qu'il avait interdit sous peine de mort. Le pouvoir du démon se borne là: il interroge les dispositions de ta volonté. Mais dès que tu as voulu, il s'ensuit que tu es son esclave non pas qu'il ait créé en toi la volonté, mais parce qu'il en a trouvé l'occasion.