Edition
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De Exhortatione Castitatis
VIII.
[1] Liceat nunc denuo nubere, si omne quod licet bonum est. Idem apostolus exclamat: Omnia licent, sed non omnia prosunt. Quod non prodest, oro te, bonum potest dici? Si licita sunt et quae non prosunt, ergo et quae non bona sunt licita sunt. Quid autem magis uelle debebis, quod ideo bonum est quia licet, an quod ideo quia prodest? Multum existimo esse inter licentiam et salutem. De bono non dicitur 'licet', quia bonum permitti non exspectat, sed assumi. [2] Permittitur autem quod an bonum sit in dubio est, quod potest etiam non permitti, si non habeat aliquam sui causam, primam, quia propter incontinentiae periculum permittitur nubere, secundo, quia nisi licentia alicuius non bonae rei subiaceret, non esset in quo probaretur qui diuinae uoluntati et qui potestati suae obsequeretur, quis nostrum utilitatis praesentiam sectetur et quis occasionem licentiae amplexetur. [3] Licentia plerumque temptatio est disciplinae, quoniam disciplina per temptationem probatur, temptatio per licentiam operatur. Ita fit, ut omnia liceant, sed non omnia expediant, dum temptatur cui permittitur, et iudicatur dum in permissione temptatur. Licebat et apostolis nubere et uxores circumducere. Licebat et de euangelio ali. Sed qui iure hoc usus non est in occasionem, ad exemplum nos suum prouocat, docens in eo esse probationem in quo licentia experimentum abstinentiae praestruxit.
Traduction
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Exhortation à la chasteté
VIII.
Eh bien! que l'on se marie deux fois, si tout ce qui est permis est bon. Le même Apôtre s'écrie: «Tout. est permis, mais tout n'est pas expédient.» Je te le demande, ce qui n'est pas utile, peut-on l'appeler bon? Si des choses qui ne profitent pas au salut sont permises, il s'ensuit que des choses qui ne sont pas bonnes sont permises également. Or, que dois-tu préférer de ce qui est bon parce qu'il est permis, ou de ce qui est bon en soi parce qu'il est utile? De la liberté à l'utilité il y a loin, si je ne me trompe. On ne dit pas de ce qui est bon, cela est permis, parce qu'un bien n'attend pas qu'on le permette; il se prend. Qu'est-ce donc que l'on permet? Ce dont la bonté est douteuse, ce qu'on pourrait ne pas permettre sans quelque cause première qui justifie la condescendance. C'est pour prévenir l'incontinence que le second mariage est permis, parce que si le choix de quelque chose qui n'est pas bon n'était pas laissé aux fidèles, il ne resterait plus aucun moyen de discerner où est celui qui obéit à Dieu et celui qui obéit à ses penchants; qui de nous cherche l'utilité ou court après son plaisir. La permission est le plus souvent la pierre de touche de la fidélité, parce que la fidélité à la loi s'éprouve par la tentation, et que la tentation opère par la permission. De là vient «que tout est. permis, mais que tout n'est pas expédient,» puisque celui qui est libre est tenté, et que son jugement se prononce; pendant qu'il est tenté. Les Apôtres avaient aussi la permission de se marier et de conduire avec eux leurs épouses; il leur était permis encore de vivre de l'Evangile: mais celui qui ne voulut pas profiter du bénéfice de celle permission nous engage à marcher sur ses traces, en nous apprenant que celle liberté n'est qu'une épreuve dans laquelle la condescendance est tournée au profit de la continence.