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De Exhortatione Castitatis
IV.
[1] Ceterum de secundo matrimonio scimus plane apostolum pronuntiasse: Solutus es ab uxore, ne quaesieris uxorem, sed et si duxeris, non delinques. Perinde tamen et huius sermonis ordinem de consilio suo, non de diuino praecepto introducit. Multum autem interest inter dei praeceptum et consilium hominis. Praeceptum domini, inquit, non habeo, sed consilium do, quasi misericordiam consecutus a domino fidelis esse. [2] Ceterum neque in euangelio neque in ipsius Pauli epistolis ex praecepto dei inuenias permissam matrimonii iterationem. Vnde unum habendum confirmatur, quia quod a domino permissum non inuenitur, id agnoscitur interdictum. Adde quod et haec ipsa humani consilii interiectio, quasi iam recogitationem excessus sui passa, statim se refrenat et reuocat, cum subiungit: Verumtamen huiusmodi pressuram carnis habebunt, cum parcere se eis dicit, cum Tempus in collecto esse adicit, quo oporteat etiam habentes matrimonia pro non habentibus agere, cum sollicitudinem nuptorum et innuptorum committit. [3] Per haec enim docens cur non expediat nubere, dissuadet ab eo quod supra indulserat. Et hoc de primo matrimonio: quanto magis de secundo? Cum uero nos ad exemplum suum hortatur, utique ostendens quid nos uelit esse, id est continentes, pariter declarat quid nos esse nolit, id est incontinentes. Ita et ipse cum aliud uult, id quod non uult nec sponte nec ueritate permittit. Si enim uellet, non permisisset, immo imperasset. [4] 'Sed ecce rursus mulierem marito defuncto dicit nubere posse, si cui uelit, tantum in domino'. At enim felicior erit, inquit, si sic permanserit, secundum meum consilium. Puto autem, et ego dei spiritum habeo. Videmus duo consilia, quo supra nubendi ueniam facit, et quo postmodum continentiam nubendi docet. [5] Cui ergo, inquis, assentabimur? Inspice et lege. Cum ueniam facit, hominis prudentis consilium allegat, cum continentiam indicit, spiritus sancti consilium affirmat. Sequere admonitionem cui diuinitas patrocinatur. Spiritum quidem dei etiam fideles habent, sed non omnes fideles apostoli. Cum ergo qui se fidelem dixerat adiecit postea spiritum dei se habere, quod nemo dubitaret etiam de fideli, idcirco id dixit, ut sibi apostoli fastigium redderet. [6] Proprie enim apostoli spiritum sanctum habent, qui plene habent in operibus prophetiae et efficacia uirtutum documentisque linguarum, non ex parte, quod ceteri. Ita spiritus sancti auctoritatem ad eam speciem adire fecit, cui magis nos obsequi uoluit, et factum est iam non consilium diuini spiritus, sed pro eius maiestate praeceptum.
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Exhortation à la chasteté
IV.
Au reste, nous savons que l'Apôtre a dit du second mariage: «N'avez-vous plus de femme, ne cherchez point à vous remarier. Si néanmoins vous épousez une seconde femme, vous ne péchez point.» Mais dans ce passage, il parle encore de sa propre autorité, et non d'après l'autorité de Dieu. Car il y a une grande différence entre le précepte de Dieu et la recommandation de l'homme. «Je n'ai point reçu de commandement du Seigneur, dit-il; mais voici le conseil que je donne, comme ayant reçu du Seigneur la grâce d'être son fidèle ministre.» D'ailleurs on ne trouve ni dans l'Evangile, ni dans les Epîtres de Paul lui-même, le précepte d'abandonner sa femme. Il faut en conclure qu'on doit se borner à un seul mariage, parce que ce qui n'a jamais été permis par le Seigneur est imputé à faute.
Ajoute encore qu'après ce conseil donné par l'homme, l'Apôtre, comme par une sorte de repentir de son irréflexion, se reprend aussitôt et dit: «Mais ces personnes-là souffriront dans leur chair des tribulations et des peines.» Tout en leur pardonnant, il leur rappelle que «le temps est court, et que ceux mêmes qui ont des femmes doivent être comme s'ils n'en avaient pas.» Enfin il oppose entre elles les sollicitudes de ceux qui sont mariés et celles de ceux qui ne le sont pas. En expliquant pourquoi il est avantageux de ne pas se marier, il dissuade de ce qu'il avait permis plus haut par condescendance. S'il l'applique au premier mariage, à plus forte raison au second. Lorsqu'il nous exhorte encore à suivre son exemple, nous montrer ce qu'il veut que nous soyons, c'est-à-dire continents, c'est nous déclarer également ce qu'il ne veut pas que nous soyons, c'est-à-dire incontinents. Par conséquent, lorsqu'il veut lui-même autre chose, il ne permet ni librement, ni selon la vérité, ce qu'il ne veut pas. S'il le voulait, il ne le permettrait pas, il le commanderait. Mais voici qu'il dit ailleurs: «La femme dont le mari n'est plus peut se remarier à qui elle voudra, pourvu que ce soit selon le Seigneur;» puis il ajoute aussitôt: «Toutefois, elle sera plus heureuse si elle demeure veuve; et c'est ce que je lui conseille. Or, je crois que j'ai aussi l'Esprit de Dieu.»
Nous trouvons ici deux avis différents. Par l'un, il permet de se remarier; par l'autre, il ordonne de s'abstenir. Lequel des deux faut-il croire? diras-tu. Regarde et lis. Quand il permet, il n'émet l'avis que d'un homme prudent. Recommande-t-il de s'abstenir? c'est l'avis de l'Esprit saint qu'il invoque. Suis donc l'avertissement qui a pour lui la Divinité. Les fidèles ont en eux l'Esprit de Dieu, j'en conviens, mais tous les fidèles ne sont pas des apôtres. Ainsi lorsqu'après avoir dit qu'il était fidèle, Paul ajoute: «J'ai aussi l'Esprit de Dieu,» chose dont personne ne doutait, puisqu'il était fidèle, il n'a tenu ce langage que pour reprendre sa dignité d'apôtre. Les apôtres, en effet, possèdent plus particulièrement l'Esprit saint, qui se manifeste en eux par les œuvres de la prophétie, l'efficacité des vertus, et la connaissance des langues, tandis que les autres fidèles ne l'ont que dans un degré inférieur. Il n'a donc fait intervenir l'autorité de l'Esprit saint que dans l'espèce où il préfère nous voir entrer. Dès-lors, à cause de la majesté de l'Esprit saint, ce n'est plus un conseil, mais un précepte.