CHAPITRE XXVI. IL EST DIGNE DE L’ÉCRiTURE DE RENFERMER PLUSIEURS SENS SOUS LES MÊMES PAROLES.
36. Eh quoi! ô mon Dieu! gloire de mon humilité et repos de mes labeurs, qui daignez écouter l’aveu de mes fautes et me les pardonner, quand vous m’ordonnez d’aimer mon prochain comme moi-même, puis-je penser que Moïse, votre serviteur fidèle ait reçu de moindres faveurs que je n’en eusse désiré moi-même et sollicité de votre grâce, si, me faisant naître en son temps pour m’élever à la hauteur de son ministère, et prenant à votre service mon coeur et ma langue, vous m’eussiez choisi pour dispensateur de ces saintes Ecritures, qui devaient être dans la suite si profitable à tous les peuples, et du faîte de leur (497) autorité dominer universellement les paroles du mensonge et les doctrines de l’orgueil?
Oui, si j’eusse été Moïse (pourquoi non? ne sommes-nous pas sortis tous du même limon, «et qu’est-ce que l’homme? est-il quelque « chose si vous ne vous souvenez de lui ( Ps. VIII, 5)?), oui, si j’eusse été Moïse, et que vous m’eussiez enjoint d’écrire le livre de la Genèse, je vous aurais demandé un style doué de telles propriétés de puissance et de mesure, que les intelligences encore incapables de concevoir la création ne pussent récuser mes paroles comme au-dessus de leur portée, et que les intelligences plus élevées y trouvassent en peu de mots toute vérité qui s’offrît à leur pensée et qu’enfin, si votre lumière dévoilait à certains esprits quelques vérités nouvelles, aucune d’elles ne fût hors du sens de votre prophète.
