CHAPITRE XXXI. MOÏSE A PU ENTENDRE TOUS LES SENS VÉRITABLES QUI PEUVENT SE DONNER A SES PAROLES.
42. Tu me dis : « Le sens de Moïse est le « mien; » et il me dit: « Non, le sens de Moïse est le mien; » et moi je dis avec plus de piété : Pourquoi l’un et l’autre ne serait-il pas le sien, si l’un et l’autre est véritable? Et j’en dis autant d’un troisième, d’un quatrième, d’un autre sens quelconque avoué de la vérité; pourquoi refuserais-je de croire qu’ils ont été vus par ce grand serviteur du seul Dieu, dont la parole toute divine se prête à la variété de tant d’interprétations vraies?
Pour moi, je le déclare hardiment, et du fond du coeur, si j’écrivais quelque chose qui dût être investi d’une autorité suprême, j’aimerais mieux contenir tous les sens raisonnables qu’on pourrait donner à mes paroles, que de les limiter à un sens précis, exclusif de toute autre pensée, n’eût-elle même rien de faux qui pût blesser la mienne. Loin de moi, mon Dieu, cette témérité de croire qu’un si grand prophète n’eût pas mérité de votre grâce une telle faveur! Oui, il a eu en vue et en esprit, lorsqu’il traçait ces paroles, tout ce que nous avons pu découvrir de vrai; toute vérité qui nous a fui ou nous fuit encore, et qui toutefois s’y peut découvrir.
