12.
Le Seigneur l'a dit : « Torts ne comprennent pas cette parole1 ». Que celle donc qui le peut, la comprenne; que celle qui n'est pas maîtresse d'elle-même, se marie; que celle qui n'a pas encore pris son parti, réfléchisse; que celle qui s'est engagée, persévère; qu'aucune occasion favorable ne soit offerte an démon, et qu'aucune oblation ne soit ravie à Jésus-Christ. Si, dans le mariage on conserve la pudeur conjugale, on n'a à craindre aucune condamnation; mais la récompense sera bien plus belle pour la continence viduélle ou virginale. Du moment qu'on l'a choisie et vouée, c'est un crime non-seulement de se marier, mais même d'en avoir la volonté. Remarquez, en effet, ces expressions de l'Apôtre : « Après s'être abandonnée à la mollesse dans le service du Christ », il n'ajoute pas : elles se marient, mais : « Elles veulent se marier, et, en cela elles sont condamnables, puisqu'elles ont violé leurs premiers engagements», par cela seul qu'elles en ont eu la volonté. Est-ce à dire que même alors le mariage comme tel est mauvais? Assurément non. Ce qui est crime, c'est la violation d'un engagement, la profanation du voeu, le rejet volontaire d'un bien supérieur, quoique en soi il ne soit pas défendu de se contenter d'un état moins parfait; enfin celles qui agissent ainsi sont- condamnables, non point précisément parcequ'elles se sont engagées dans le mariage, mais parce qu'elles ont violé leurs premiers engagements. Cette vérité découle de ce- passage de l'Apôtre et exprime très-bien sa pensée; car il est clair qu'il a voulu éviter de jeter la condamnation sur le mariage, pour la réserver tout entière aux personnes qui se marient après avoir voué un état plus parfait. « Elles veulent se marier », dit-il, « et en cela elles sont condamnables »;en voici la raison, « c'est qu'elles ont violé leurs premiers engagements » : la volonté seule est criminelle, lors même que le mariage ne se réaliserait pas.
Matt. XIX, 11. ↩
