CHAPITRE IV.
FIGURE DU CHANGEMENT DE L’EMPIRE ET DU SACERDOCE D’ISRAËL, ET PROPHÉTIES D’ANNE, MÈRE DE SAMUEL, LAQUELLE FIGURAIT L’ÉGLISE.
La suite des temps amène la Cité de Dieu jusqu’à l’époque des Rois, alors que, Saül ayant été réprouvé, David monta sur le trône, et que ses descendants régnèrent longtemps après lui dans la Jérusalem terrestre. Ce changement, qui arriva en la personne de Saül et de David, figurait le remplacement de l’Ancien Testament par le Nouveau, où le sacerdoce et la royauté ont été changés par le prêtre et le roi nouveau et immortel, qui est Jésus-Christ. Le grand-prêtre Héli réprouvé et Samuel mis en sa place et exerçant ensemble les fonctions de prêtre et de juge, et d’autre part, David sacré roi au lieu de Saül, figuraient cette révolution spirituelle. La mère de Samuel, Anne, stérile d’abord, et qui depuis eut tant de joie de sa fécondité, semble ne prophétiser autre chose, quand, ravie de son bonheur, elle rend grâces à Dieu et lui consacre son fils avec la même piété qu’elle le lui avait voué. Voici comme elle s’exprime : « Mon coeur a été affermi dans sa confiance au Seigneur, et mon Dieu a relevé ma force et ma gloire. Ma bouche a été ouverte contre mes ennemis, et je me suis réjouie de votre salut. Car il n’est point de saint comme le Seigneur, il n’est point de juste comme notre Dieu, il n’est de saint que vous. Ne vous glorifiez point, et ne parlez point autrement; qu’aucune parole fière et superbe ne sorte de votre bouche, puisque c’est Dieu qui est le maître des sciences, et qui forme et conduit ses desseins. Il a détendu l’arc des puissants, et les faibles ont été revêtus de force. Ceux qui ont du pain en abondance sont devenus languissants, et ceux qui étaient affamés se sont élevés au-dessus de la terre, parce que celle qui était stérile est devenue mère de sept enfants, et celle qui avait beaucoup d’enfants est demeurée sans vigueur. C’est Dieu qui donne la mort et qui redonne la vie; c’est lui qui mène aux enfers et qui en ramène. Le Seigneur rend pauvre ou riche, abaisse ou élève ceux qu’il lui plaît. Il élève de terre le pauvre, et tire le misérable du fumier, afin de le faire asseoir avec les princes de son peuple et de lui donner pour héritage un trône de gloire. Il donne à qui fait un voeu de quoi le faire, et il a béni les années du juste, parce que l’homme n’est pas fort par sa propre force. Le Seigneur désarmera son adversaire, le Seigneur qui est saint. Que le sage ne se glorifie point de sa sagesse, ni le puissant de sa puissance, ni le riche de ses richesses; mais que celui qui eut se glorifier se glorifie de connaître Dieu et de rendre justice au milieu de la terre. Le Seigneur est monté aux cieux et a tonné; il jugera les extrémités de la terre, parce qu’il est juste. C’est lui qui donne la vertu à nos rois, et il exaltera la gloire et la puissance de son Christ1 ».
Croira-t-on que c’est là le discours d’une simple femme qui se réjouit de la naissance de son fils, et sera-t-on assez aveugle pour ne pas voir qu’il est beaucoup au-dessus de sa portée? En un mot, quiconque fait attention à ce qui est déjà accompli de ces paroles, ne reconnaît-il pas clairement que le Saint- Esprit, par le ministère, de cette femme (dont le nom même, en hébreu, signifie grâce), a prédit la religion chrétienne, la Cité de Dieu, dont Jésus-Christ est le roi et le fondateur, et enfin la grâce même de Dieu, dont les superbes s’éloignent pour tomber par terre et dont les humbles sont remplis pour se relever? Il ne resterait qu’à prétendre que cette femme n’a rien prédit, et que ce sont de simples actions de grâces qu’elle rend à Dieu pour lui avoir donné un fils; mais que signifie en ce cas ce qu’elle dit : « Il a détendu l’arc des puissants, et les faibles ont été revêtus de force. Ceux qui ont du pain en abondance sont devenus languissants, et ceux qui étaient affamés se sont élevés au-dessus de la terre, parce que celle qui était stérile est devenue mère de sept enfants, et celle qui avait beaucoup d’enfants n’a plus de vigueur? » Est-ce qu’Anne a eu sept enfants? Elle n’en avait qu’un quand elle disait cela, et n’en eut en tout que cinq, trois garçons et deux filles2. Bien plus, comme il n’y avait point encore de rois parmi les Juifs, qui la porte à dire : « C’est lui qui donne la force à nos rois, et qui relèvera la gloire et la puissance de son Christ », si ce n’est pas là une prophétie?
Que l’Eglise de Jésus-Christ, la cité du grand roi, pleine de grâces, féconde en enfants, répète donc ce qu’elle reconnaît avoir prophétisé d’elle il y a si longtemps par la bouche de cette pieuse mère! qu’elle répète: « Mon coeur a été affermi dans sa confiance au Seigneur, et mon Dieu a relevé ma force et ma gloire ». Son coeur a été vraiment affermi sa puissance a été vraiment augmentée, parce qu’elle ne l’a pas mise en elle-même, mais dans le Seigneur son Dieu. « Ma bouche a été ouverte contre mes ennemis » ; et en effet, la parole de Dieu n’est point captive au milieu des chaînes et de la captivité. « Je me suis réjouie de votre salut ». Ce salut, c’est Jésus-Christ lui-même, que le vieillard Siméon, selon le témoignage de l’Evangile, embrasse tout petit, mais dont il reconnaît la grandeur, quand il s’écrie : «Seigneur, vous laisserez aller votre serviteur en paix, parce que mes yeux ont vu votre salut3». Que l’Eglise répète donc: « Je me suis réjouie de votre salut; car il n’est point de saint comme le Seigneur, il n’est point de juste comme notre Dieu » ; Dieu, en effet, n’est pas seulement saint et juste, mais la source de la sainteté et de la justice. « Il n’est de saint que vous »; car personne n’est saint que par lui. Ne vous glorifiez point, et ne parlez point hautement; qu’aucune parole fière et superbe ne sorte de votre bouche, puisque c’est Dieu qui est le maître des sciences, et personne ne sait ce qu’il sait ». Entendez que celui qui n’étant rien se croit quelque chose, se trompe soi-même4»; car ceci s’adresse aux ennemis de la Cité de Dieu, qui appartiennent à Babylone, à ceux qui présument trop de leurs forces et se glorifient en eux-mêmes au lieu de se glorifier en Dieu. De ce nombre sont aussi les Israélites charnels, citoyens de la Jérusalem terrestre, qui, comme dit l’Apôtre, « ne connaissant point la justice de Dieu5 », c’est-à-dire la justice que Dieu donne aux hommes, lui qui seul est juste et rend juste, « et voulant établir leur propre justice», c’est-à-dire prétendant qu’ils l’ont acquise par leurs propres forces sans la tenir de lui, « ne sont point soumis à la justice de Dieu », parce qu’ils sont superbes et qu’ils croient pouvoir plaire à Dieu par leur propre mérite, et non par la grâce de celui qui est le Dieu des sciences, et par conséquent l’arbitre des consciences, où il voit que toutes les pensées des hommes ne sont que vanité, à moins que lui-même ne les leur inspire, « Il forme et conduit ses desseins». Quels des. seins, sinon ceux qui vont à terrasser les superbes et à relever les humbles? Ce sont ces desseins qu’il exécute lorsqu’il dit : « L’arc des puissants a été détendu, et les faibles ont été revêtus de force » . L’arc a été détendu, c’est-à-dire que Dieu a confondu ceux qui se croyaient assez forts par eux-mêmes pour accomplir les commandements de Dieu, sans avoir besoin de son secours. Et ceux-là « sont revêtus de force » qui crient à Dieu dans le fond de leur coeur: « Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis faible6 ». — « Ceux qui ont du pain en abondance sont devenus languissants, et ceux qui étaient e affamés se sont élevés au-dessus de la terre». Qui sont ceux qui ont du pain en abondance, sinon ceux même qui se croient puissants, c’est-à-dire les Juifs, à qui les oracles de la parole de Dieu ont été confiés? Mais, parmi ce peuple, les enfants de la servante sont devenus languissants, parce que dans ces pains, c’est-à-dire dans la parole de Dieu, que la seule nation juive avait reçue alors, ils ne goûtent que ce qu’il y a de terrestre; au lieu que les Gentils, à qui ces pains n’avaient pas été donnés, n’en ont pas eu plutôt mangé que la faim dont ils étaient pressés les a fait élever au-dessus de la terre pour y savourer tout ce qu’ils renferment de céleste et de spirituel. Et comme si l’on demandait la cause d’un événement si étrange : « C’est, dit-elle, que celle qui était stérile est devenue mère de sept enfants, et que celle qui avait beaucoup enfants est demeurée sans vigueur ». Paroles qui montrent bien que tout ceci n’est qu’une prophétie à ceux qui savent que la perfection de toute l’Eglise est marquée dans l’Ecriture par le nombre sept. C’est pourquoi l’apôtre saint Jean écrit à sept Eglises7, c’est-à-dire à toute l’Eglise; et Salomon dit, dans les Proverbes, que « la Sagesse s’est bâti une « maison et l’a appuyée sur sept colonnes8 ». La Cité de Dieu était réellement stérile chez toutes les nations, avant la naissance de ces enfants qui l’ont rendue féconde. Nous voyons, au contraire, que la Jérusalem terrestre, qui avait un si grand nombre d’enfants, est devenue sans vigueur, parce que les enfants de la femme libre, qui étaient dans son sein, faisaient toute sa force, et qu’elle n’a plus que la lettre sans l’esprit.
« C’est Dieu qui donne la mort et qui redonne la vie ». Il a donné la mort à celle qui avait beaucoup d’enfants, et redonné la vie à celle qui était stérile et qui a engendré sept enfants. On peut l’entendre aussi, et mieux encore, en disant qu’il rend la vie à ceux même à qui il avait donné la mort, comme ces paroles qui suivent semblent le confirmer : « C’est lui qui mène aux enfers et qui en ramène ». Ceux à qui l’Apôtre dit: « Si vous êtes morts avec Jésus-Christ, cherchez les choses du ciel où Jésus-Christ est assis à la droite de Dieu » » ; ceux-là, dis-je, sont tués par le Seigneur pour leur salut, et c’est pour eux que l’Apôtre ajoute : « Goûtez les choses du ciel, et non pas celles de la terre , afin qu’eux-mêmes soient ceux qui, pressés de la faim , se sont élevés au-dessus de la terre». Car saint Paul dit encore: « Vous êtes morts » ; et voilà comment Dieu fait mourir ses fidèles pour leur salut: « Et votre vie, ajoute cet Apôtre, est cachée avec Jésus-Christ et Dieu ». 9 Et voilà comment il leur redonne la vie. Mais sont-ce les mêmes qu’il mène aux enfers et qu’il en ramène ? Les deux choses sont indubitablement accomplies en celui qui est notre chef, avec qui l’Apôtre dit que notre vie est cachée en Dieu. Car « celui qui n’a pas épargné son propre fils, mais l’a livré à la mort pour tout le monde10 », l’a certainement fait mourir de cette façon; et d’autre part, comme il l’a ressuscité, il lui a redonné la vie. Il l’a aussi mené aux enfers, et l’en a ramené, puisque c’est lui-même qui dit dans le Prophète: « Vous ne laisserez point mon âme dans les enfers11 ». C’est cette pauvreté du Sauveur qui nous a enrichis. En effet, « c’est le Seigneur qui rend pauvre ou riche ». La suite nous explique ce que cela signifie : « Il abaisse, est-il dit, et il élève ». Il abaisse les superbes et élève les humbles. Tout le discours de cette sainte femme, dont le nom signifie grâce, ne respire autre chose que ce qui est dit dans cet autre endroit de l’Ecriture : « Dieu résiste aux superbes, et « donne sa grâce aux humbles ».
L’Evangéliste ajoute: « Il relève le pauvre12». Ces paroles ne peuvent s’entendre que de celui qui, étant riche, s’est rendu pauvre pour l’amour de nous, afin que sa pauvreté nous enrichît13 ». Dieu ne l’a relevé sitôt de terre qu’afin de garantir son corps de corruption14. J’estime qu’on peut encore lui attribuer ce qui suit: «Et il tire l’indigent de son fumier».
En effet, ce fumier d’où il a été tiré s’entend fort bien des Juifs qui ont persécuté Jésus-Christ, au nombre desquels se range saint Paul lui-même, dans le temps où il persécutait l’Eglise. « Ce que je considérais alors comme un gain, dit-il, je l’ai regardé depuis comme une perte, à cause de Jésus-Christ, et non-seulement comme une perte, mais comme du fumier, pour gagner Jésus-Christ15 ». Ce pauvre a donc été relevé de terre au-dessus de tous les riches, et ce misérable tiré du fumier au-dessus des plus opulents, afin de tenir rang parmi les puissants du peuple, à qui il dit : « Vous serez assis sur douze trônes16 », et à qui, selon l’expression de notre sainte prophétesse, « il donne pour héritage un trône de gloire ». Ces puissants avaient dit: « Vous voyez que nous avons tout quitté pour vous suivre17 ». Il fallait qu’ils fussent bien puissants pour avoir fait un tel voeu ; mais de qui avaient-ils reçu la force de le faire, sinon de celui dont il est dit ici : « Il donne de quoi vouer à celui qui fait un voeu ?» Autrement, ils seraient de ces puissants dont l’arc a été détendu. « Il donne, dit l’Ecriture, à qui fait un voeu de quoi le faire », parce que personne ne pourrait rien vouer à Dieu comme il faut, s’il ne recevait de lui ce qu’il lui voue. « Et il a béni les années du juste », afin, sans doute, qu’il vive sans fin avec celui à qui il est dit: « Vos années ne finiront point18 ». Là, les années demeurent fixes, au lieu qu’ici elles passent, ou plutôt elles périssent. Elles ne sont pas avant qu’elles viennent, et quand elles sont venues, elles ne sont plus, parce qu’elles viennent en s’écoulant. Des deux choses exprimées en ces paroles : « Il donne à qui fait un voeu de quoi le faire, et il a béni les années du juste », nous faisons l’une et nous recevons l’autre; mais on ne reçoit celle-ci de sa bonté que lorsqu’on a fait la première par sa grâce, « attendu que l’homme n’est pas fort par sa propre force » . « Le Seigneur désarmera son adversaire » , c’est-à-dire l’envieux qui veut empêcher un homme d’accomplir son voeu. Comme l’expression est équivoque, l’on pourrait entendre par son adversaire l’adversaire de Dieu. Véritablement, lorsque Dieu commence à nous posséder, notre adversaire devient le sien, et nous le surmontons, mais non pas par nos propres forces, car ce que l’homme a de forces ne vient pas de lui « Le Seigneur donc désarmera son adversaire, le Seigneur qui est saint », afin que cet adversaire soit vaincu par les saints que le Seigneur, qui est le saint des saints, a faits saints.
Ainsi, « que le sage ne se glorifie point de sa sagesse, ni le puissant de sa puissance, ni le riche de ses richesses ; mais que celui qui veut se glorifier se glorifie de connaître Dieu et de faire justice au milieu de la terre ». Ce n’est pas peu connaître Dieu, que de savoir que la connaissance qu’on en a est un don de sa grâce. Aussi bien, « qu’avez-vous, dit l’Apôtre, que vous n’ayez point reçu? Et si vous l’avez reçu, pourquoi .vous glorifiez-vous, comme si l’on ne vous l’eût point donné19 ? » c’est-à-dire comme si vous le teniez de vous-même. Or, celui-là pratique la justice qui vit bien, et celui-là vit bien qui observe les commandements de Dieu, « qui ont pour fin la charité qui naît d’un coeur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère20 ». Cette charité vient de Dieu, comme le témoigne l’apôtre saint Jean21 ; et par conséquent le pouvoir de pratiquer la justice vient aussi de lui. Mais qu’est-ce que ceci veut dire: Au milieu de la terre? Est-ce que ceux qui habitent les extrémités de la terre ne doivent point pratiquer la justice ? J’estime que par ces mots : au milieu de la terre, l’Ecriture veut dire : tant que nous vivons dans ce corps, afin que personne ne s’imagine qu’après cette vie il reste encore du temps pour accomplir la justice qu’on n’a pas pratiquée ici-bas, et pour éviter le jugement de Dieu. Chacun, dans cette vie, porte sa terre avec soi ; et la terre commune reçoit cette terre particulière à la mort de chaque homme, pour la lui rendre au jour de la résurrection. Il faut donc pratiquer la vertu et la justice au milieu de la terre, c’est-à-dire tandis que notre âme est enfermée dans ce corps de terre, afin que cela nous serve pour l’avenir, « lorsque chacun recevra la récompense du bien et du mal qu’il aura fait par le corps22 ». Par le corps, dit l’Apôtre, c’est-à-dire pendant le temps qu’il a vécu dans le corps ; car les pensées de blasphème auxquelles on consent ne sont produites par aucun membre du corps; et cependant on ne laisse pas d’en être coupable. Nous pouvons fort bien entendre de la même sorte cette parole du psaume: « Dieu, qui est notre roi avant tous les siècles, a accompli l’oeuvre de notre salut au milieu de la terre 23 », attendu que le Seigneur Jésus est notre Dieu, et il est avant les siècles, parce que les siècles ont été faits par lui. Il a accompli l’oeuvre de notre salut au milieu de la terre, lorsque le Verbe s’est fait chair24 et qu’il a habité dans un corps de terre.
« Le Seigneur est monté aux cieux, et il a tonné ; il jugera les extrémités de la terre, parce qu’il est juste ». Cette sainte femme observe dans ces paroles l’ordre de la profession de foi des fidèles. Notre-Seigneur Jésus. Christ est monté au ciel, et il viendra de là juger les vivants et les morts. En effet, comme dit l’Apôtre : « Qui est monté, si ce n’est celui qui est descendu jusqu’aux plus basses parties de la terre ? Celui qui est descendu est le même que celui qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses de la présence de sa majesté25 ». Il à donc tonné par ses nuées qu’il à remplies du Saint. Esprit, quand il est monté aux cieux. Et c’est de ces nuées qu’il parle dans le prophète Isaïe26, quand il menace la Jérusalem esclave, c’est à-dire la vigne ingrate, d’empêcher qu’elles ne versent la pluie sur elle. « Il jugera les extrémités de la terre », c’est-à-dire même les extrémités de la terre. Et ne jugera-t-il point aussi les autres parties de la terre, lui qui indubitablement doit juger tous les hommes? Mais peut-être il vaut mieux entendre par les extrémités de la terre l’extrémité de la vie de l’homme. L’homme en effet ne sera pas jugé sur l’état où il aura été au commencement ou au milieu de sa vie, mais sur celui où il se trouvera vers le temps de sa mort; d’où vient cette parole de l’Evangile, « qu’il n’y aura de sauvé que celui qui persévérera jusqu’à la fin27 ». Celui donc qui persévère jusqu’à la fin à pratiquer la justice au milieu de la terre ne sera pas condamné, quand Dieu jugera les extrémités de la terre. « C’est lui qui donne la force à nos rois », afin de ne les pas condamner dans son jugement. Il leur donne la force de gouverner leur corps en rois, et de vaincre le monde par la grâce de celui qui a répandu son sang pour eux. « Et il relèvera la gloire et la puissance de son Christ ». Comment le Christ relèvera-t-il la gloire et la .puissance de son Christ? car celui dont il est dit auparavant : « Le Seigneur est monté aux cieux et a tonné », est celui-là même dont il est, dit ici qu’il relèvera la gloire et la puissance de son Christ. Quel est donc le Christ de son Christ ? Est-ce qu’il relèvera la gloire et la puissance de chaque fidèle, comme notre sainte prophétesse le dit elle-même au commencement de ce cantique: « Mon Dieu a relevé ma force et ma gloire? » Dans le fait, nous pouvons fort bien appeler des Christs tous ceux qui ont été oints du saint chrême, qui tous, néanmoins, avec leur chef, ne sont qu’un même Christ. Voilà la prophétie d’Anne, mère du grand et illustre Samuel; en lui était figuré alors le changement de l’ancien sacerdoce, qui est accompli aujourd’hui ; car elle qui avait beaucoup d’enfants est devenue sans vigueur, afin que celle qui était stérile et qui est devenue mère de sept enfants eût un nouveau sacerdoce en Jésus-Christ.
I Rois, II, 1-10 sec. LXX. ↩
1 Rois, II, 20. ↩
Luc, II, 29 et 30. ↩
Galat. VI, 3. ↩
Rom. X, 3. ↩
Ps. VI, 3. ↩
Apoc. I, 4. ↩
Prov. IX, 1. ↩
Coloss. III, 1. ↩
Rom. VIII, 32. ↩
Ps. XV, 10. ↩
Jac., IV, 6. ↩
II Cor. VIII, 9. ↩
Ps. XV, 10 . ↩
Philipp. III, 7 et 8. ↩
Matt. XIX, 28 . ↩
Ibid. 27. ↩
Ps. CI, 28. ↩
I Cor. IV, 7. ↩
I Tim. I, 5. ↩
I Jean, IV, 7. ↩
II Cor. V, 10 . ↩
Ps. LXXII, 12. ↩
Jean, I, 14. ↩
Ephés. IV, 9. ↩
Isa. V, 6. ↩
Matt. x, 22. ↩
