XI.
--- Je vais maintenant raconter les miracles qu'il fit pendant son épiscopat. À peu de distance de la ville et non loin du monastère, se trouvait un endroit que l'on regardait à tort comme le lieu de la sépulture de plusieurs martyrs, qui y recevaient un culte, car l'érection de l'autel était attribuée aux évêques précédents. Mais Martin, n'ajoutant point foi légèrement à des traditions incertaines, demanda aux plus anciens des prêtres et des clercs de lui dire le nom du prétendue saint et l'époque de son martyre. Il était fort inquiet à ce sujet puisque la tradition ne rapportait rien de bien avéré. Pendant quelque temps il s'abstint d'aller à cet endroit, ne voulant pas porter atteinte à ce culte tant qu'il serait dans l'incertitude, ni l'autoriser de peur de favoriser une superstition. Prenant un jour avec lui quelques-uns des frères, il s'y rendit, et, se tenant sur le sépulcre. Il pria le Seigneur de lui faire connaître quel homme avait été enterré dans ce lieu, et quels pouvaient être ses mérites. Alors il voit se dresser à sa gauche un spectre affreux et terrible. Martin lui ordonne de déclarer qui il est et quels sont ses mérites devant le Seigneur : le spectre se nomme, avoue ses crimes, dit qu'il est un voleur, mis à mort pour ses forfaits et honoré par une erreur populaire ; qu'il n'a rien de commun avec les martyrs, qui sont dans la gloire, tandis qu'il est dans les tourments. Ceux qui étaient présents entendirent cette voix étrange sans voir personne. Martin leur dit alors, ce qu'il a vu, ordonne qu'on enlève l'autel, et délivre ainsi le peuple de cette erreur et de cette superstition.
