A THEOPHILE, PATRIARCHE D'ALEXANDRIE.
Jérôme félicite Théophile d'avoir enfin condamné les origénistes.
Lettre écrite du monastère de Bethléem, en 399.
J'ai reçu depuis peu les lettres que votre béatitude a bien voulu m'adresser, dans lesquelles, après m'avoir fait d'obligeants reproches du silence que je garde depuis longtemps, elle m'exhorte à lui écrire à mon ordinaire. Ainsi, quoique vous ne m'ayez point écrit par nos saints frères Priscus et Eubulus, cependant, comme je suis témoin du courage et du zèle avec lesquels l'amour qu'ils ont pour la pureté de la foi leur a fait parcourir toute la Palestine et chasser dans leurs trous ces basilics qui s'étaient répandus de toutes parts; je ne puis m'empêcher de vous marquer, en peu de mots, que tout le monde vous applaudit, et que les peuples se réjouissent de voir l'étendard de la croix élevé par vos soins dans Alexandrie., et de la victoire que vous avez remportée sur l'hérésie. Plein d'ardeur pour la foi, vous avez fait connaître que le silence que vous aviez gardé jusqu'à présent était l'effet d'une sagesse consommée, et non pas d'une lâche condescendance. Car à parler franchement, cette patience excessive avec laquelle vous avez souffert les hérétiques nous a l'ait une vraie peine; parce que, ne pouvant pas pénétrer les raisons que vous aviez de les ménager de la sorte, nous ne souhaitions rien avec plus de passion et d'empressement que de les voir exterminer entièrement. Mais, à ce que je vois, vous avez voulu tenir la main levée et suspendre le coup pour quelque temps, afin de frapper ensuite plus rudement.
Quant à cette personne qu'on a reçue à la communion, vous ne devez point en savoir mauvais gré à l'évêque de cette ville, puisqu'à cet égard vos lettres étaient muettes : ç'aurait été d'ailleurs une témérité à lui de porter jugement sur une affaire dont il n'était pas informé. Au reste, je ne crois pas qu'il ose se mettre en opposition avec vous en quoi que ce soit, ni même qu'il en ait le dessein.
