A APRONIUS.
Jérôme loue Apronius de son zèle pour la foi; il l'engage à venir à Jérusalem.
En 400.1
Je ne sais par quel artifice du démon tous vos travaux et les soins du saint prêtre Innocentius sont demeurés jusqu'à présent inutiles, et tous nos désirs sans effet. Cependant je rends grâce à Dieu de ce que vous êtes en bonne santé, et de ce que tous les efforts du démon n'ont pas affaibli votre foi. Rien ne me fait plus de plaisir que d'apprendre que mes enfants combattent pour le Christ. Je prie celui en qui nous mettons toute notre confiance d'augmenter en nous ce zèle, afin que nous soyons toujours prêts de répandre notre sang pour la défense de la foi. J'ai appris avec chagrin que votre belle maison a été renversée de fond en comble. Je ne sais à quoi attribuer ce désastre ; celui qui me l'a annoncé m'a dit qu'il n'en savait rien. Tout ce que nous pouvons faire est de prendre part à la douleur de nos amis communs, et qui le sont aussi en Jésus-Christ; et de le prier pour eux, lui qui est le seul Seigneur et qui peut tout. Il faut avouer cependant que nous avions bien mérité cette punition, pour avoir attiré chez nous des gens qui étaient les ennemis de Dieu. Je crois que vous ne pouvez prendre un meilleur parti que d'abandonner toutes choses pour venir en Orient et particulièrement à Jérusalem; car tout y est fort calme. Quoique les hérétiques aient le coeur encore tout rempli de venin, cependant ils n'osent ouvrir la bouche pour publier leurs erreurs; mais ils sont sourds comme l'aspic qui se bouche les oreilles. Je vous prie de saluer nos saints frères de ma part. Si notre maison a été détruite par les hérétiques, et dépouillée de ses biens temporels; grâce au Seigneur, elle est très riche en biens spirituels. Il vaut mieux ne manger que du pain, que de perdre la foi2.
Erasme (édition de Bâle) doute que cette lettre soit de saint Jérôme, surtout à cause du style. Du reste, dom Martiannay, Guillaime Roussel et Erasme me paraissent n’avoir pas saisi la pensée de saint Jérôme dans cette lettre. Ils sont ici d'accord, ce qui ne leur arrive pas souvent, et ils se trompent en pensant que par ces paroles « si notre maison a été détruite, etc. etc., » Jérôme veut parler de son monastère. Dans ce cas la lettre n’offrirait aucun sens. Jérôme prend part au désastre éprouvé par Apronius, et en parle comme s'il lui était personnel. La fin de cette phrase d'ailleurs si notre maison, etc., etc., est un éloge habilement fait de la piété d'Apronius. ↩
L'édition de Vérone donne à cette lettre et à celle de Riparius la date 417. Cette chronologie nous a paru fautive, nous n'avons pas cru devoir la suivre. ↩
