5.
Quant à ces paroles des Septante : « Ne réduisez point l’homme dans le dernier abaissement, puisque vous avez dit : « Convertissez-vous, ô enfants des hommes! » voici le sens qu'on doit leur donner: Puisque vous avez créé l'homme à votre image et à votre ressemblante, et que vous avez bien voulu l'honorer jusqu'à lui donner la qualité de votre fils, lui qui n'était que votre serviteur et votre esclave, ne souffrez pas, je vous prie, qu'il gémisse éternellement sous la tyrannie du péché, et délivrez-le de cette ancienne malédiction que vous avez prononcée contre lui « Vous êtes poudre, et vous retournerez en poudre. » Souvenez-vous que vous nous avez promis de ne point rejeter notre pénitence, et que vous avez dit par un prophète : « Je ne veux point la mort du pécheur, mais seulement qu'il se convertisse et qu'il vive; » souvenez-vous que tous vos saints nous ont dit de votre part : « Convertissez-vous, ô enfants des hommes, et retournez à votre père qui est plein de bonté et de tendresse, qui va lui-même au-devant de vous, qui est prêt à retracer dans vos âmes les augustes caractères de sa ressemblance que vous aviez effacés par vos péchés, et qui veut bien vous rendre la robe de votre première Innocence, que vous aviez perdue par votre désobéissance.
« Car devant vos yeux mille ans sont comme le jour d'hier qui est passé, et comme une veille de la nuit, » puisque vous nous exhortez par la bouche de vos prophètes à rentrer dans les voies de la pénitence, et que vous ne cessez point de nous dire : « Revenez, ô enfants des hommes! »nous vous conjurons de ne pas laisser éternellement l'homme dans cet état d'abaissement et d'humiliation où son péché l’a réduit. Vous nous avez promis de nous mettre en possession du- salut après plusieurs siècles : nous ne pouvons être longtemps sans voir l'accomplissement de vos promesses , puisque mille ans sont à vos yeux comme le jour d'hier qui est passé , et que le temps, quelque long qu'il soit, est toujours très court quand on le compare à l'éternité. Je me trompe, ajoute le prophète , c'est trop peu de dire que mille ans sont à vos yeux comme un jouir qui ne fait que passer, je devais dise qu'ils ne durent pas plus à votre égard qu'une veille de la nuit. On divise ordinairement la nuit en quatre veilles de trois heures chacune, et c'est dans ce sens que nous lisons dans l'Evangile qu'à la quatrième veille de la nuit Jésus-Christ vint trouver ses apôtres qui étaient en mer. Comme donc une veille le ta nuit passe bien vite et paraît fort courte , sur, tout à ceux qui se sont épuisés par de longues veilles, de même l'espace de mille ans ne dure presque rien à vos yeux, ô mon Dieu, qui avez été, qui êtes, et qui serez pendant toute l'éternité.
