7.
« Vous avez mis nos iniquités devant vos yeux, et exposé nos négligences à la lumière de votre visage. „ Les Septante portent : « Vous avez mis nos iniquités en votre présence , et exposé toute notre vie à la lumière de votre visage. » Au lieu de « nos négligences, » comme j'ai traduit avec. Symmaque conformément à l'hébreu, il y a dans les Septante, «notre siècle, » c'est-à-dire : toute notre vie. Le texte hébreu porte Alomenu , ce que la cinquième1 version exprime par le mot de jeunesse et Aquila par nos erreurs, ou : nos ignorances. C'est dans ce sens que le Psalmiste dit dans un autre endroit : « Ne vous souvenez point des fautes de ma jeunesse ni de mes ignorances; » et ailleurs : « Qui est celui qui connaît ses fautes ? Purifiez-moi, Seigneur, de celles qui sont cachées en moi, et préservez votre serviteur des vices étrangers; » car il y a des vices qui nous sont étrangers, et ce sont ceux auxquels nous nous laissons aller souvent par notre propre penchant, et quelquefois par ignorance. Cependant, cette ignorance ne laisse pas d'être criminelle, quoique la volonté n'ait point de part au crime. Au reste je ne comprends pas pourquoi les Septante, au lieu de mettre «notre jeunesse, nos négligences, nos erreurs » ou « nos ignorances, » ont traduit le mot hébreu par celui de « siècle », ou de «vie, » si ce n'est peut-être parce que c'est dans la « vie » et durant le « siècle » présent que nous commettons le péché. Le prophète ajoute : «Vous avez exposé toute notre vie » ou « nos négligences à la lumière de votre visage , » c'est-à-dire : il n'y a aucun de nos péchés qui vous soit caché, et vos yeux pénètrent jusque dans: les replis les plus secrets de notre coeur; selon ce qui est écrit: « Les ténèbres n'ont aucune obscurité pour, vous, et elles sont à votre égard comme la lumière du jour même; » et dans un autre endroit : « O mon Dieu! vous sondez les coeurs et les reins. » Car l'homme ne voit que le visage, mais Dieu voit le fond des coeurs.
« Tous nos jours se sont écoulés et nos années se sont consumées dans votre fureur , comme le discours d'un homme qui parle. » On lit dans la version des Septante : « C'est pourquoi tous nos jours se sont consumés et nous nous sommes trouvés consumés nous-mêmes par la rigueur de votre colère. Nos années se passent en de vaine inquiétudes, comme celles de I'araignée: » Le prophète avait dit ci-dessus : Quand vous les frapperez, ils s'évanouiront comme un songe, » pour nous donner une juste idée de la brièveté de la vie humaine, qui, toujours sujette à la malédiction dont Dieu a frappé le premier homme, s'évanouit et disparaît comme un songe : ici il la compare au discours d'un homme qui parle et dont les paroles cessent d'être à mesure qu'il les prononce. C'est ainsi que passe notre vie : elle se consume dans la colère et la fureur de Dieu, dont la malédiction dure toujours et s'accomplit sans cesse sur nous. J'ai déjà dit plusieurs fois que la colère, dans Dieu, n'est pas cette passion furieuse qui nous inspire des désirs de vengeance; il ne paraît en colère qu'à ceux qu'il a punit; et ce qui est en nous une passion aveugle et déréglée est en lui un effet de sa vérité et de sa justice. Au lieu de ces mots: «comme le discours d'un homme qui parle, » les Septante ont traduit : « Nos années se passent en de vaines inquiétudes comme celles de l'araignée. » Comme il n'est rien qui passe plus vite que la parole, aussi n'est-il rien de plus inutile que l'ouvrage d'une araignée. On a coutume d'appliquer aux hérétiques ces paroles du prophète Isaïe : « Ils ont formé des toiles d'araignée; » car comme les toiles d'araignée ne peuvent arrêter que des mouches, des moucherons et autres semblables petits insectes, et qu'elles ne sauraient résister aux animaux qui ont un peu plus de force que ceux-là, de même les hérétiques ne séduisent dans l'Eglise que les âmes simples, qui donnent sans précaution dans les piéges qu'ils leur tendent, mais ils ne sauraient tromper ceux dont la foi est vive et solide.
Outre les versions des LXX, d'Aquila, de Symmaque et de Théodotien, il y en avait encore trois autres qui passaient pour authentiques, et qu'on appelait : la cinquième, la sixième et la septième, parce qu’on ne savait pas le nom de leurs auteurs. ↩
