IX.
Mais si nous examinons leurs dieux un à un, tu verras leur grande absurdité. Ils vénèrent tout d’abord comme dieu, Cronos, à qui ils sacrifient leurs enfants. Cronos eut beaucoup d’enfants de Rhéa; mais il devint fou et mangea ses propres enfants. On dit que Zeus lui coupa les parties et les jeta dans la mer, d’où l’on raconte que naquit Aphrodite. Ayant ainsi lié son propre père, Zeus le jeta dans le Tartare. Tu vois l’erreur et l’obscénité dans laquelle ils tombent au sujet de leur dieu : un Dieu peut-il être lié et châtré? Quel égarement! Quels hommes sensés le prétendraient?
Deuxièmement, ils adorent Zeus. On dit de lui qu’il est Roi des dieux eux-mêmes et qu’il s’est changé en animaux afin de commettre adultère avec des femmes mortelles. On le représente comme se changeant en taureau à cause d’Europe, en or à cause de Danaé, en cygne à cause de Léda, en satyre pour Antiope, et en éclair pour Semelé. Il eut d’elles beaucoup d’enfants, Dionusos, Zethos, Amphion, Héraclès, Apollon, Artémis, Persée, Castor, Hélène, Pollux, Minos, Rhadamante et Sarpédon, ainsi que les neuf filles appelées Muses. Ils racontent ainsi ensuite l’histoire de Ganymède. Les hommes ont imité toutes ces choses, ô Roi, et sont devenus adultères et pédérastes et se sont rendus coupables d’autres choses mauvaises à l’incitation de leur Dieu. Comment est-il possible qu’un Dieu soit adultère, pédéraste ou parricide?
