Edition
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De Anima
XXXVII. DE AETATE ANIMAE.
[1] Omnem autem hominis in utero serendi struendi fingendi paraturam aliqua utique potestas diuinae uoluntatis ministra modulatur, quamcumque illam rationem agitare sortita. Haec aestimando etiam superstitio Romana deam finxit Alemonam alendi in utero fetus et Nonam et Decimam a sollicitioribus mensibus et Partulam, quae partum gubernet, et Lucinam, quae producat in lucem. Nos officia diuina angelos credimus. [2] Ex eo igitur fetus in utero homo, a quo forma completa est. Nam et Mosei lex tunc aborsus reum talionibus iudicat, cum iam hominis est causa, cum iam illi uitae et mortis status deputatur, cum et fato iam inscribitur, etsi adhuc in matre uiuendo cum matre plurimum communicat sortem. [3] Dicam aliquid et de temporibus animae nascentis, ut ordinem decurram. Legitima natiuitas ferme decimi mensis ingressus est. Qui numeros ratiocinantur, et decurialem numerum ut exinde reliquorum parentem colunt, denique perfectorem natiuitatis humanae. [4] Ego ad deum potius argumentabor hunc modum temporis, ut decem menses decalogo magis inaugurent hominem, ut tanto temporis numero nascamur quanto disciplinae numero renascimur. Sed et cum septimo mense natiuitas plena est facilius quam octauo, honorem sabbati agnoscam, ut quo die dedicata est dei conditio, eo mense interdum producatur dei imago. Concessum est properare natiuitati et tamen idonee occurrere in hebdomadem, in auspicia resurrectionis et requietis et regni. Ideo ogdoas nos non creat; tunc enim nuptiae non erunt. [5] Societatem carnis atque animae iamdudum commendauimus a congregatione seminum ipsorum usque ad figmenti perfectionem; perinde nunc et a natiuitate defendimus, inprimis quod simul crescunt, sed diuisa ratione pro generum condicione, caro modulo, anima ingenio, caro habitu, anima sensu. Ceterum animam substantia crescere negandum est, ne etiam decrescere substantia dicatur atque ita et defectura credatur; sed uis eius, in qua naturalia peculia consita retinentur, saluo substantiae modulo, quo a primordio inflata est, paulatim cum carne producitur. [6] Constitue certum pondus auri uel argenti, rudem adhuc massam: collectus habitus est illi et futuro interim minor, tamen continens intra lineam moduli totum quod natura est auri uel argenti. Dehinc cum in laminam massa laxatur, maior efficitur initio suo per dilatationem ponderis certi, non per adiectionem, dum extenditur, non, dum augetur; etsi sic quoque augetur, dum extenditur: licet enim habitu augeri, cum statu non licet. [7] Tunc et splendor ipse prouehitur auri uel argenti, qui fuerat quidem et in massa, sed obscurior, non tamen nullus. Tunc et alii atque alii habitus accedunt pro facilitate materiae, qua duxerit eam qui aget, nihil conferens modulo nisi effigiem. Ita et animae crementa reputanda, non substantiua, sed prouocatiua.
Übersetzung
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De l'âme
XXXVII.
Une puissance, ministre de la volonté divine, préside aux soins de semer l'homme dans l'utérus, de le former, de l'élaborer progressivement, quelles que soient les lois qu'elle ait mission d'exécuter. Frappée de ces |77 considérations, la superstition romaine inventa aussi une déesse Alémona, chargée de nourrir le fœtus dans le sein maternel; une Nona et une Décima, à cause des mois les plus difficiles; une Partula, pour gouverner l'accouchement; et enfin une Lucine, pour produire l'enfant à la lumière. Pour nous, nous confions à un ange ces fonctions divines. Le fétus est donc un homme dans le sein maternel aussitôt qu'il est complètement formé. La loi de Moïse, en effet, punit par le talion, quiconque est coupable d'avortement, puisque le principe qui fait l'homme existe, puisqu'il peut déjà vivre et mourir, puisqu'il est déjà soumis aux vicissitudes humaines, quoique vivant encore dans sa mère, il participe à tout ce qu'éprouve sa mère.
Je dirai aussi un mot de l'époque où l'âme naît, afin d'embrasser toute la question. La naissance régulière a lieu vers l'entrée du dixième mois. Ceux qui supputent les nombres honorent aussi la décade comme le nombre générateur de tous les autres, et complétant d'ailleurs la naissance humaine. Pour moi, j'aime mieux rapporter à Dieu la mesure de ce temps, afin que ces dix mois soient plutôt l'initiation de l'homme au décalogue, et que l'espace nécessaire à sa naissance soit égal au nombre des préceptes auxquels il devra sa renaissance. Mais puisque la naissance est achevée au septième mois, je lui accorderais plus volontiers qu'au huitième, l'honneur de rappeler le sabbat, de sorte que le mois où l'image de Dieu est produite à la lumière, correspond par intervalles au jour où se consomma la création divine. Il a été permis à la naissance de prendre les devants et de se rencontrer si exactement avec la semaine, comme un présage de résurrection, de repos et de royauté. Voilà pourquoi l'ogdoade1 ne nous engendre pas. « Alors en effet il n'y aura plus de mariage. »
Nous avons déjà établi l'union de l'âme et du corps à partir de l'indivisible mélange des semences elles-mêmes |78 jusqu'à l'ancienne formation du fétus: nous la maintenons encore en ce moment à dater de la naissance. D'abord, elles croissent ensemble, mais chacune à leur manière, selon la diversité de leur genre, la chair en volume, l'âme en intelligence; la chair en extérieur, l'âme en sentiment. D'ailleurs il n'est pas vrai que l'âme croisse en substance, de peur que l'on ne dise qu'elle décroît également en substance, et qu'on en conclue qu'elle s'éteint. Mais sa puissance intime, dans laquelle résident tous les trésors dont elle a été dotée à sa naissance, se développe par degrés avec la chair, tandis que la portion originaire de substance qu'elle a reçue avec le souffle divin ne change pas. Prenez une certaine quantité d'or ou d'argent, masse encore grossière. Sa forme resserrée, et moindre que sa forme future, contient toutefois dans les limites de ses dimensions tout ce qui est la nature de l'or. Ensuite, lorsque la masse est allongée en lame, elle devient plus grande qu'à son origine, par la dilatation d'un poids qui reste le même. mais non par son accroissement, en s'étendant, mais non en augmentant, quoiqu'il y ait accroissement pour elle, lorsqu'elle s'étend ainsi. En effet, elle peut croître en dimensions extérieures, quoique la substance soit immuable. Alors l'éclat de l'or et de l'argent, qui existait déjà dans le bloc, obscurci quoique réel, brille avec plus d'intensité: alors arrivent tantôt une modification, tantôt une autre, suivant la malléabilité de la matière, et d'après la volonté de celui qui la travaille; mais sans rien ajouter à sa mesure, que la forme. Il en est de même des accroissements de l'âme; ils n'atteignent point sa substance; ils la développent2.