CHAPITRE XXXII. PLAISIR DE L’ODORAT.
48. Les odeurs me hissent assez indifférent à leur charme. Absentes, je ne les recherche pas, je ne répudie pas leur présence; je suis disposé à m’en passer. Du moins me semble-t-il ainsi, et je me trompe peut-être. Car ne faut-il pas gémir sur cette nuit profonde qui, nous voilant les ressorts de notre être, interdit à l’esprit, lorsqu’il se consulte lui-même sur sa puissance, toute créance facile à ses réponses, parce qu’il ignore d’ordinaire ce qu’il recèle en lui, si l’expérience ne le lui découvre? Et nul homme ne doit être en sécurité dans cette vie qui n’est, tout entière, qu’une tentation ( Job, VII, 1); de mauvais devenu meilleur, rien ne garantit que de meilleur il ne devienne pire. Il n’est qu’un espoir, qu’une confiance, qu’une promesse sûre, votre miséricorde.
