CHAPITRE XLII. ÉGAREMENT DES SUPERBES QUI ONT EU RECOUES AUX ANGES DÉCHUS COMME MÉDIATEURS ENTRE DIEU ET LES HOMMES.
67. Qui trouver, capable de me réconcilier avec vous? Devais-je solliciter les anges? et par quelles prières? par quels sacrifices ? Plusieurs, ai-je ouï dire, travaillant pour revenir à vous, et ne le pouvant d’eux-mêmes, ont tenté cette voie, et, tombés bientôt dans un désir curieux de visions étranges, ils ont mérité d’être livrés à l’illusion. Superbes, ils vous cherchaient avec tout le faste de la science, le coeur haut et non contrit; la conformité d’esprit a attiré sur eux lei complices de leur orgueil, les puissances de l’air (Ephés. II, 2), dont les prestiges les ont égarés lorsqu’ils cherchaient un médiateur, médecin de leur âme, sans le trouver; car ils n’avaient devant eux que le diable transfiguré en ange de lumière (II Cor. XI, 14).
Chair superbe, ce qui l’a séduite, c’est que le séducteur n’était pas revêtu de chair! Hommes mortels et pécheurs! Mais vous, Seigneur, dont ils cherchaient la paix avec orgueil, vous êtes indépendant de la mort et du péché. Or, il fallait au médiateur entre l’homme et Dieu ( I Tim. II, 5) une ressemblance avec Dieu et une ressemblance avec l’homme. Entièrement semblable à l’homme, il était loin de Dieu; entièrement semblable à Dieu, il était loin de l’homme -; il n’était plus médiateur. Ainsi ce faux médiateur, à qui votre justice secrète permet de séduire l’orgueil, a quelque chose de commun avec l’homme : c’est le péché; il prétend quelque chose de commun avec Dieu : libre du vêtement charnel de la mortalité, il se donne pour immortel. Mais, comme « la mort est la solde du péché (Rom. VI, 23), il entre, par la communauté du péché, dans la communauté de la mort.
