CHAPITRE XIV. — Brièveté et misères de la vie humaine ; espoir de la résurrection.
1. « L'homme né de la femme vit peu de jours, et il les passe dans la colère, » dans la douleur.
3. « Et vous l'appelez en votre présence pour le juger. » Malgré sa fragile existence, il a encore à vous rendre compte de sa vie. On exige de lui ce qu'il peut, quoique ce soit bien peu.
5. « Vous avez compté le nombre de ses mois. » Cette existence si limitée est la preuve de son péché, car vous l'avez créé immortel.
6. « Retirez-vous de lui, laissez-le, qu'il se repose. » Ainsi raisonne l'homme charnel; esclave de ses sens, qui place son bonheur dans la vie présente. Il demande qu'on l'épargne afin d'en jouir.
7. « L'arbre n'est pas sans espérance. » Il faut prononcer d'un ton ironique, car c'est l'homme surtout qui doit espérer, mais les hommes charnels ne peuvent le croire.
10. « L'homme meurt et ne revient pas: » nouvelle ironie.
11. « La mer diminue pour un temps et se remplit bientôt. » En parlant du flux et du reflux de la mer, il veut dire ou que sur tous les rivages, quand ce phénomène a lieu, l'eau décroît et augmente insensiblement, à des instants fixés par le mouvement de la lune, ou bien que pour nous, ou pour d'autres régions, l'eau s'élève jusqu'au milieu du jour, puis redescend.
12. « Tant que le ciel subsistera, un autre ne sera point créé, » ne sera point ajouté au premier.
13. « Que ne m'avez-vous conservé dans le tombeau? » Telles sont mes espérances de résurrection, que je voudrais n'être plus en proie aux incertitudes de cette vie. « Pourquoi ne (603) m'avez-vous point caché, jusqu'à ce que votre colère soit apaisée ? » De là cette parole: « Cache-toi jusqu'à ce que la colère de Dieu soit passée 1 ; » c'est-à-dire jusqu'à ce que finisse cette vie mortelle, et qu'arrive la résurrection.
14. « Car si l'homme meurt, il vivra : » cette vie n'est point la vraie vie. « Quand tous ses jours seront finis, » alors il vivra.
15. « Si vous m'appelez, je vous répondrai: » je vous obéirai, sans être arrêté par la mort.
17. « Vous avez scellé dans un sac mes iniquités, » afin de me les rendre. « Vous avez pris note de celles que l'ignorance ma fait commettre: »oui, même de celles-là. Ces égarements involontaires sont la peine du péché.
18. « La montagne s'affaisse, et disparaît. » Ainsi l'homme tombe, si haut placé, si ferme qu'il soit. « Et le rocher s'en va vieillissant, au lieu même qu'il occupe. » Comme l'homme dans sa famille, dans le rang où il est.
19. « Par le débordement de ses nombreux abîmes. » Ainsi l'homme est-il réduit à la misère, lorsqu'il est miné par les débordements continuels de ses désirs. « Vous avez confondu les espérances de l'homme . » Il y a ici gradation de la montagne au rocher, du rocher aux pierres, des pierres au grain de sable ; les hommes charnels subissent en effet toutes ces vicissitudes; et c'est avec raison qu'il est dit : « Vous avez confondu. »
20. « Vous l'avez ébranlé pour toujours, » afin qu'il périsse . pour anéantir ces espérances qui réjouissent l'homme charnel. « Vous avez changé son visage et l'avez éloigné de vous. » L'image de Dieu a été détruite en lui.
21. « Ses fils sont nombreux, mais il l'ignore. » Il meurt pendant que sa postérité augmente. 22. « Sa chair a frémi de douleur. » L'esclave de la chair déplore son sort, il en gémit comme l'animal; l'homme spirituel, au contraire, sait bien que si l'extérieur se détruit, l'intérieur se renouvelle de jour en jour 2 : il l'éprouve en lui-même.
