Übersetzung
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OCTAVIUS
X.
« Je passe beaucoup de choses à dessein; aussi bien n'y en a-t-il que trop. Et certes les ténèbres qu'ils cherchent pour leurs mystères sont des preuves assez évidentes de tout ce que nous disons, ou du moins de la plus grande partie; car pourquoi cacher tant ce qu'ils adorent? On ne craint point de publier ce qui est honnête ; ce sont les crimes qui demandent le secret et le silence. Pourquoi n'avoir point d'autels, point de temples, point de figures pour le moins que l'on connaisse? Pourquoi ne parler qu'en cachette, ne s'assembler qu'à la dérobée, si ce qu'ils cachent et qu'ils adorent n'est infâme ou criminel? Mais encore quel est ce dieu, seul, abandonné, solitaire, que pas un peuple libre n'adore, pas même les Romains, qui ont adoré les dieux de toute la terre. Il ne se trouve de tous les peuples que la seule nation juive, chétive et misérable, qui ait servi un seul Dieu; encore a-ce été publiquement, avec des temples, des autels, des cérémonies et des sacrifices. Et cependant le pouvoir de ce Dieu est si peu de chose, qu'il est à présent captif des Romains avec tous ses peuples. Mais quelles absurdités et quels prodiges les chrétiens n'inventent-ils point? Ne disent-ils pas que ce Dieu, qu'ils ne voient point et qu'ils ne sauraient montrer, a connaissance de la vie et des actions de tous les hommes; qu'il entend leur voix, pénètre dans leurs plus secrètes pensées, se trouve présent à tout? Ils le font fâcheux, inquiet, et impudent même dans sa grande curiosité; car il assiste à tout ce qu'on fait, court par tous les lieux, veut tout voir, tout savoir, tout entendre. Mais le moyen qu'il puisse avoir soin de chaque chose étant occupé en tout de lieux, ou suffire à tout en s'arrêtant à tout. Non contents de ces extravagantes opinions, ils menacent le monde et ses astres d'un embrasement universel; vous diriez qu'ils méditent sa ruine : comme si quelque chose pouvait troubler cet ordre éternel établi par les mains de la nature, on que les éléments dussent rompre leur alliance et cette divine harmonie, pour perdre la machine qui les contient et les environne.
Edition
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Marci Minucii Felicis Octavius
Caput X
ARGUMENTUM. — Quidquid colunt, magnopere occultare nituntur: nullas aras habent, templa nulla, nulla nota simulacra. Deus illorum, sicut et Judaeorum, unicus esse fertur: quem cum nec videre nec ostendere queant, illum nihilominus molestum, inquietum et praepostere curiosum arbitrantur.
Multa praetereo consulto; nam et haec nimis multa sunt quae aut omnia aut pleraque omnium vera declarat ipsius pravae religionis obscuritas. Cur etenim occultare et abscondere quidquid illud colunt magnopere nituntur, quum honesta semper publico gaudeant, scelera secreta sint? cur nullas aras habent, templa nulla, nulla nota simulacra? numquam palam loqui, numquam libere congregari [sustinent], nisi illud quod colunt et interprimunt, aut puniendum est aut pudendum? Unde autem, vel quis ille, aut ubi Deus unicus, solitarius, destitutus; quem non gens libera, non regna, non saltem Romana superstitio noverunt? Judaeorum sola et misera gentilitas unum et ipsi Deum, sed palam, sed templis, aris, victimis caerimoniisque coluerunt: cujus adeo nulla vis nec potestas est, ut sit Romanis numinibus cum sua sibi natione captivus. At etiam Christiani quanta monstra, quae portenta confingunt? Deum illum suum, quem nec ostendere possunt nec videre, in omnium mores, actus omnium, verba denique et occultas cogitationes diligenter inquirere, discurrentem scilicet, atque ubique praesentem; molestum illum volunt, inquietum, impudenter etiam curiosum, siquidem adstat factis omnibus, locis omnibus intererrat: cum nec singulis inservire possit, per universa districtus, nec universis sufficere, in singulis occupatus. Quid? quod toto orbi, et ipsi mundo cum sideribus suis minantur incendium, ruinam moliuntur? quasi aut naturae divinis legibus constitutus aeternus ordo turbetur, aut rupto elementorum omnium foedere, et coelesti compage divisa, moles ista qua continetur et cingitur subruatur.