Übersetzung
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OCTAVIUS
XXXI.
« Pensez-vous encore, pour n'avoir point de temples ni d'autels, que nous cachions ce que nous adorons? Quelle image pourrions-nous donc tracer de Dieu, puisqu'aux yeux de la raison, c'est l'homme qui est son image? Quel temple aussi lui pourrions-nous bâtir, puisqu'il a fait tout le monde, et que tout le monde même ne le peut comprendre. Enfermerons-nous tant de majesté dans un si petit espace, nous qui logeons dans de grands palais. Il lui faut bien plutôt dresser un temple dans notre esprit et lui consacrer un autel dans notre cœur. Offririons-nous à Dieu des victimes et des hosties qu'il a faites pour notre usage, afin de lui rejeter son présent ; ne serait-ce pas une ingratitude? Les sacrifices qu'il demande c'est une âme pure, une bonne conscience, une créance sincère ; c'est le servir que de vivre dans l'innocence ; c'est lui sacrifier que d'exercer la vertu : s'abstenir de mal faire, c'est lui faire une offrande agréable; et empêcher quelqu'un de périr, c'est lui égorger les victimes qu'il désire. Voilà nos sacrifices, voilà nos mystères, et le plus dévot parmi nous, c'est celui qui est le plus juste. Mais quoi! nous ne montrons point le Dieu que nous adorons et ne le voyons pas nous-mêmes! C’est pour cela que nous le croyons, parce que nous le sentons et que nous ne le voyons point ; car dans ses œuvres et dans tous les mouvements de la nature nous voyons sa vertu présente : quand il tonne, quand il éclaire, quand il nous donne le beau temps. Ne trouves point étrange, si tu ne vois point de Dieu. Tout est agité et troublé par les vents, et néanmoins tu ne les vois point. Le soleil même qui fait tout voir est comme invisible; ses rayons nous éblouissent, et si nous nous arrêtions à le contempler, il nous ferait perdre la vue ; et tu pourrais soutenir le regard de celui qui a allumé le soleil, et qui est la source de la lumière. Hé quoi! ses éclairs mêmes te font fuir, et tu vas te cacher quand il tonne! Tu veux voir Dieu de tes yeux charnels, et tu ne vois pas seulement cette âme qui te fait parler et qui t'anime. Mais peut-être qu'il ignore ce que nous faisons, et qu'étant au ciel il ne peut ni tout voir ni tout connaître. Tu te trompes! Comment Dieu serait-il loin, lui qui remplit le ciel et la terre, et tout ce qui est au delà du monde? Il n'est pas seulement auprès de nous, il est dans nous. Considère le soleil, il est attaché au ciel, et ne laisse pas de se répandre par tout l'univers. Il est présent à tout par sa lumière. Combien plus Dieu, qui est l'auteur de toutes choses et qui les contemple, à qui rien ne peut être caché ni secret, se trouvera-t-il dans les ténèbres, et dans les ténèbres même de l'homme, car c'est ainsi que j'appelle nos pensées? Nous ne vivons pas seulement sous lui, mais s'il faut ainsi dire avec lui.
Edition
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Marci Minucii Felicis Octavius
Caput XXXI
ARGUMENTUM. — Ab omni etiam verisimilitudine tam alienum est quod Christianis objicitur, pollutum incesto convivium, quam constat incesti reos revera esse gentiles; Christianorum convivia non tantum pudica, sed et sobria. Tantum denique abest incesti cupido, ut nonnullis rubori sit etiam pudica conjunctio.
Et de incesto convivio fabulam grandem adversum nos daemonum cotio [impr. coitio vel concio] mentita est, ut gloriam pudicitiae deformis infamiae aversione [impr. adspersione] macularet, ut ante exploratam veritatem homines a nobis, terrore infandae opinionis, averteret: sic de isto et tuus Fronto, non, ut affirmator, testimonium fecit; sed convicium, ut orator, aspersit. Haec enim potius de vestris gentibus nata sunt. Jus est apud Persas misceri cum matribus; Aegyptiis et Athenis, cum sororibus legitima connubia: memoriae et tragoediae vestrae incestis gloriantur, quas vos libenter et legitis et auditis: sic et deos colitis incestos, cum matre, cum filia, cum sorore conjunctos. Merito igitur incestum penes vos saepe deprehenditur, semper admittitur; etiam nescientes miseri potestis in illicita proruere, dum Venerem promisce spargitis, dum passim liberos seritis, dum etiam domi natos alienae misericordiae frequenter exponitis, necesse est in vestros recurrere, in filios inerrare. Sic incesti fabulam nectitis, etiam quum conscientiam non habetis. Ad nos pudorem non facie sed mente praestamus. Unius matrimonii vinculo libenter inhaeremus, cupiditate procreandi aut unam scimus, aut nullam. Convivia non tantum pudica colimus, sed et sobria: nec enim indulgemus epulis, aut convivium mero ducimus; sed gravitate hilaritatem temperamus, casto sermone, corpore castiore; plerique inviolati corporis virginitate perpetua fruuntur potius quam gloriantur: tantum denique abest incesti cupido, ut nonnullis rubori sit etiam pudica conjunctio. Nec de ultima statim plebe consistimus, si honores vestros et purpuras recusamus: nec fastidiosi [impr. factiosi] sumus, si omnes unum bonum sapimus, eadem congregati quiete qua singuli: nec in angulis garruli, si audire nos publice aut erubescitis, aut timetis. Et quod in dies nostri numerus augetur, non est crimen erroris, sed testimonium laudis. Nam in pulchro genere vivendi et praestat et perseverat suus, et accrescit alienus. Sic nos denique, non notaculo corporis, ut putatis, sed innocentiae ac modestiae signo facile dignoscimus: sic mutuo, quod doletis, amore diligimus, quoniam odisse non novimus: sic nos, quod invidetis, FRATRES vocamus, ut unius Dei parentis homines, ut consortes fidei, ut spei cohaeredes. Vos enim nec invicem agnoscitis, et in mutua odia saevitis: nec fratres vos, nisi sane ad parricidium recognoscitis.