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OCTAVIUS
XXXVI.
« Quel plus beau spectacle pour Dieu que de voir un chrétien combattre contre la douleur; se préparer contre toute sorte de tourments, de menaces et de supplices; regarder sans crainte le visage de ses bourreaux; se jeter hardiment au milieu des apprêts de la mort; défendre sa liberté contre les rois et les princes; résister à tout hormis à son Dieu à qui il est ; enfin triompher de son juge; car celui-là est victorieux, qui a obtenu ce qu'il demande! Où est le soldat qui n'affronte les dangers en la présence de son prince? Car personne ne reçoit la récompense qu'il n'ait combattu. Et encore le prince ne peut donner ce qu'il n'a pas; je veux dire qu'il ne saurait prolonger nos jours, quoiqu'il puisse honorer notre vaillance. Mais le soldat de Jésus-Christ n'est point abandonné dans les dangers ; il triomphe même dans la mort. Ainsi il peut bien paraître misérable, mais il ne l’est point. Vous mêmes vous élevez jusqu'au ciel ceux qui ont souffert courageusement, tels qu'un Mutius Scévola, qui ayant failli à frapper un roi, eût été cruellement puni s'il n'eût laissé brûler sa main. Et combien y en a-t-il parmi nous qui, sans donner aucune marque de crainte ont vu brûler tous leurs membres pouvant se délivrer d'une parole! Mais j'ai tort de faire entrer en comparaison vos hommes illustres avec les nôtres. Nos femmes et nos enfants se moquent des croix et des tourments, montrent un visage assuré devant les bêtes farouches, enfin souffrent la douleur sans gémir, par la patience que Dieu leur inspire. Cependant vous savez bien qu'il n'y a personne qui veuille souffrir des peines sans raison, ni qui les paisse endurer constamment sans l'assistance divine. Mais quoi! ceux qui ne connaissent point Dieu abondent en richesses, et triomphent dans les honneurs et les dignités. Misérables! ils sont élevés plus haut, afin que leur chute soit plus terrible. Ce sont des bêtes qu'on engraisse pour le sacrifice; ce sont des victimes que l'on couronne avant que d'être immolées. Vous diriez, à voir leur vie et leurs débordements, qu'ils n'ont été élevés sur des trônes que pour abuser de leur pouvoir, et pécher avec plus de licence. D'ailleurs, sans la connaissance de Dieu, qui peut avoir une solide félicité? Les grandeurs humaines ressemblent à un songe qui s'évanouit en un instant. Les rois reçoivent autant de crainte qu'ils en donnent, et quoiqu'une grande foule les accompagne, ils se trouvent seuls dans le danger. Tu es riche; mais il ne fait pas bon se fier à la fortune; et après tout, tant d'approvisionnement pour si peu de chemin, ne sert pas tant qu'il embarrasse. Tu te glorifies dans ta pourpre et tes dignités, mais ta vanité est injuste, et c'est un faible ornement que ton écarlate, si tu as l'âme souillée. Tu es grand en noblesse ; ta race te rend glorieux : mais ne sais-tu pas que notre naissance est égale, et qu’il n'y a que la vertu qui doive mettre de la différence parmi les hommes. C'est donc avec raison que les chrétiens, qui ne tirent leurs motifs de louange que de leurs mœurs et de leur vie, méprisent vos spectacles, vos voluptés et vos pompes, et les fuient comme des corruptions agréables. C'est avec raison qu'ils s'abstiennent de ces cérémonies, dont ils savent la naissance et l'origine ; car qui n'a horreur, dans la course des chariots, de voir la fureur de tout un peuple qui s'emporte et qui dispute? Qui ne s'étonne de voir, dans les jeux des gladiateurs, la discipline de l'homicide? Pour les théâtres, la fureur n'y est pas moindre, mais l'infamie y est plus grande. Ou un comédien représente des adultères, ou il les raconte; et un bouffon lascif qui fait l'amoureux, nous enseigne à faire l'amour. Ils déshonorent vos dieux en leur attribuant des haines, des tourments et des adultères. Par des douleurs feintes, ils vous tirent des larmes véritables; vous souhaitez de vrais homicides, et vous en pleurez de faux.
Edition
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Marci Minucii Felicis Octavius
Caput XXXVI
ARGUMENTUM. — Nec minus perspicue docet fatum nihil aliud esse quam quod fatum est Deus. Mens libera est, et ideo actus hominis, non nativitas judicatur. Posthaec manifestissimam facit, exprobratam Christianis pauperiem, non infamiam esse, sed gloriam; et quod corporis mala patiantur, non esse poenam, sed militiam.
Nec de fato quisquam aut solatium captet, aut excuset eventum. Sit sortis fortunae, mens tamen libera est: et ideo actus hominis, non dignitas judicatur. Quid enim aliud est fatum quam quod de unoquoque nostrum Deus fatum est? qui quum possit praescire materiam, pro meritis et qualitatibus singulorum etiam fata determinat. Ita in nobis non genitura plectitur, sed ingenii natura punitur. Ac de fato satis: vel si pauca pro tempore, disputaturi alias et uberius et plenius. Caeterum, quod plerique pauperes dicimur, non est infamia nostra, sed gloria: animus enim, ut luxu solvitur, ita frugalitate firmatur: et tamen, quis potest pauper esse, qui non eget, qui non inhiat alieno, qui Deo dives est? magis pauper ille est qui, quum multa habeat, plura desiderat. Dicam tamen, quemadmodum sentio: nemo tam pauper potest esse, quam natus est. Aves sine patrimonio vivunt, et in diem pascua pascuntur: et haec nobis tamen nata sunt: quae omnia, si non concupiscimus, possidemus. Igitur, ut qui viam terit, eo felicior quo levior incedit, ita beatior in hoc itinere vivendi, qui paupertate se sublevat, non sub divitiarum onere suspirat. Et tamen facultates, si utiles putaremus, a Deo posceremus: utique indulgere posset aliquantum, cujus est totum. Sed nos contemnere malumus opes quam continere; innocentiam magis cupimus, magis patientiam flagitamus; malumus nos bonos esse quam prodigos. Et, quod corporis humana vitia sentimus et patimur, non est poena, militia est. Fortitudo enim infirmitatibus roboratur, et calamitas saepius disciplina virtutis est. Vires denique et mentis et corporis sine laboris exercitatione torpescunt: omnes adeo vestri viri fortes, quos in exemplum praedicatis, aerumnis suis incluti floruerunt. Itaque et nobis Deus nec non potest subvenire, nec despicit, quum sit et omnium rector et amator suorum; sed in adversis unumquemque explorat et examinat: ingenium singolorum periculis pensitat; usque ad extremam mortem, voluntatem hominis sciscitatur, nihil sibi posse perire securus. Itaque, ut aurum ignibus, sic nos discriminibus arguimur.