4. Explication de certaines expressions de la sainte Écriture.
Ce serait un sacrilège de penser ces choses de Celui que l'Écriture sainte nous déclare être invisible, ineffable, incompréhensible, simple, immatériel, et au-dessus de toutes nos conceptions. Pourrions-nous, sans blasphème, attribuer à son immuable nature les mouvements et les transports de la colère, et ne devons-nous pas entendre, par ces expressions, les actes de sa puissance infinie, que nous ne saurions concevoir sans employer ces images corporelles? En parlant de la bouche de Dieu, par exemple, nous comprenons ces entretiens , ces pensées qu'il veut bien faire naître dans le secret de nos âmes, ou ces choses qu'il a révélées aux prophètes et à nos Pères. Ses yeux expriment cette science parfaite qui pénètre dans tout l'univers, et qui ne peut rien ignorer de ce que nous faisons, de ce que nous ferons et de ce que nous pensons. Ses mains signifient les oeuvres de sa providence, qui crée et conserve toutes choses; son bras, la vertu de sa puissance, qui soutient, règle et gouverne le monde. Et, pour abréger, ses cheveux blancs ne figurent-ils pas l'ancienneté, l'éternité de Celui qui n'a pas de commencement, et qui a précédé tous les temps et toutes les créatures?
Ainsi, lorsqu'il est parlé de la colère et de la fureur de Dieu , nous ne devons pas entendre une faiblesse semblable à celle qui agite les hommes, mais un acte digne de Dieu, que rien ne peut troubler; l'acte du juge et du vengeur de tout le mal qui se fait dans le monde. Ces mots nous font redouter Celui qui punira sévèrement nos fautes, et nous craindrons de faire quelque chose de contraire à sa volonté. Les hommes craignent ordinairement ceux qu'ils savent capables de se mettre en colère, et ils évitent de les offenser. Nous voyons aussi ceux qui ont des crimes à se reprocher, redouter la colère et la vengeance des juges les plus équitables. Non pas que ces sentiments puissent troubler l'âme de ceux qui les jugeront avec justice, mais parce que leurs remords leur font craindre cette ardeur et ce zèle qu'inspirent l'amour de la justice et le désir de faire observer les lois. Quelles que soient la douceur et la bonté du juge, le châtiment qu'il infligera aux coupables leur paraîtra toujours un effet de sa sévérité et de sa colère. Nous serions trop long et nous sortirions trop de notre sujet, si nous voulions expliquer toutes les images matérielles dont l'Écriture se sert en parlant de Dieu ; il suffit de ce que nous avons dit pour ce qui regarde la colère, et personne ne trouvera, par ignorance, une cause de chute et de mort là où nous devons trouver les moyens de notre salut, la sainteté et la vie éternelle.
