CHAPITRE XII.
SI LE FEU QUE SAINT JEAN VIT DESCENDRE DU CIEL ET DÉVORER LES IMPIES DOIT S’ENTENDRE DU DERNIER SUPPLICE.
Saint Jean ajoute: « Et un feu descendit du ciel, qui les dévora1 » ; il ne faut pas entendre cela du dernier supplice auquel ils seront voués, quand il leur sera dit: « Retirez-vous de moi , maudits, et allez au feu éternel2 ». Car alors ils seront envoyés dans le feu, et le feu ne tombera pas du ciel sur eux. Or, par le ciel, on peut fort bien entendre ici la fermeté des saints, qui les empêchera de succomber sous la violence de leurs persécuteurs. Le firmament est le ciel, et c’est cette fermeté3 céleste qui allume dans le coeur des méchants un zèle ardent, un zèle qui les désespère, quand ils se voient dans l’impuissance d’attirer les saints de Jésus-Christ au parti de l’Antéchrist. Voilà le feu qui les dévorera; « ce feu qui vient de Dieu4 », parce que c’est sa grâce qui rend les saints invincibles, éternel sujet de tourments pour leurs ennemis. De même qu’il y a un bon zèle, comme celui dont parle le Psalmiste, quand il dit: « Le zèle de votre maison me dévore5» ; il y en a aussi un mauvais, ainsi que le dit l’Ecriture : « Le zèle s’est emparé d’une « populace ignorante, et c’est maintenant le « feu qui consume les impies6 » ; — maintenant, dit le texte sacré, et c’est sans préjudice du feu du dernier jugement. Si saint Jean a entendu par ce feu la plaie qui frappera les persécuteurs de l’Eglise à la venue de Jésus— Christ, lorsqu’il tuera l’Antéchrist du souffle de sa bouche7, ce ne sera pas non plus le dernier supplice des impies, mais celui qu’ils doivent souffrir après la résurrection des corps.
Apoc. XX, 9. ↩
Matt. XXV, 41. ↩
Nous reproduisons, autant que possible, ce jeu de mots qui roule sur l’analogie de firmamentum et de firmitas. ↩
Ce, mots qui vient de Dieu ont été omis tout à l’heure par saint Augustin. Il les rétablit maintenant, tels que les donne en effet le texte de l’Apocalypse. ↩
Ps. LXVIII, 10. ↩
Isaïe, XXVI, 11 sec. LXX. ↩
II Thess. II, 8. ↩
