18.
Comprenez-vous que c'était sans aucuns intention de préjuger les décrets mystérieux de Dieu et les autres causes mises en jeu par sa Providence, que j'ai ainsi parlé de la prescience de Jésus-Christ; car cette simple réponse suffisait pour réfuter l'objection des païens et condamner leur infidélité? N’est-il pas évident que Jésus-Christ savait à l'avance par qui, quand et en quels lieux la foi en si parole serait acceptée? Quant à préciser si, après avoir entendu la prédication de l'Evangile, les hommes auraient par eux-mêmes le pouvoir de croire, ou s'ils auraient besoin pour cela d'une grâce spéciale de Dieu; en d'autres termes, si Dieu s'était contenté à les connaître par avance, ou s'il les avait prédestinés à la foi, j'ai pensé que cette discussion n'était alors nullement nécessaire. Ces paroles : « Le Christ a voulu se montrer au milieu des hommes et leur prêcher sa doctrine dans le temps et dans les lieux où il savait que devaient être ceux qui croiraient en lui », pourraient se remplacer par celle-ci : Le Christ a voulu se montrer au milieu des hommes et leur prêcher sa doctrine dans le temps et dans les lieux où il savait qui devaient être ceux qui avaient été élus en lui avant la constitution du monde1. Mais un tel langage aurait provoqué le lecteur à soulever des questions dont l'étude et l'examen le plus attentif ont depuis été rendus nécessaires par l'hérésie pélagienne. Je crus donc plus sage et plus prudent de proportionner ma réponse aux besoins de la circonstance, sans préjudice, comme je l'ai dit, des raisons cachées peut-être dans les profondeurs de la sagesse et de la science divine, et d'autres causes dont j'ai cru devoir renvoyer la discussion à un moment plus opportun.
Eph. I, 4. ↩
