A MARCELLA, POUR LA REMERCIER DE SES PRÉSENTS.
Date incertaine.
Nous faisons tout ce que nous pouvons les uns et les autres pour nous consoler mutuellement de notre absence. Vous nous envoyez des présents, et nous vous envoyons des lettres pour vous en remercier. Mais comme les présents que vous nous avez, envoyés conviennent à des vierges, il faut. développer ici ce qu'ils ont de mystérieux. Le sac est le symbole de l’oraison et du jeûne ; les tabourets apprennent à une vierge à ne point sortir de son monastère; les bougies lui font voir qu'elle doit toujours avoir sa lampe allumée en attendant l'arrivée de son époux ; les coupes l'instruisent de l'obligation où elle est de mortifier sa chair, et d'être toujours prête à souffrir le martyre , selon ce que dit le prophète-roi : « Que le calice du Seigneur, qui a la force d'enivrer, est admirable! » Enfin les petits éventails dont vous faites présent à nos soeurs, et qui servent à chasser les mouches, marquent qu'on doit avoir soin d'étouffer dès leur naissance les désirs déréglés de la chair, parce que « les mouches qui meurent dans le parfum en gâtent la bonne odeur. » Voilà des instructions pour les vierges et pour les femmes. Ces présents me conviennent aussi parfaitement bien, quoique dans un sens différent; car les tabourets sont propres aux gens oisifs ; le sac est nécessaire aux pécheurs qui font pénitence , et la coupe à ceux qui boivent. Ceux même qui, la nuit, sont troublés par une conscience inquiète et coupable, sont bien aises d'avoir une bougie allumée pour dissiper leurs craintes et calmer l'agitation de leur esprit.
