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C’en est assez pour abattre la démence de ces impies et montrer qu’ils n’ont d’ardeur que pour faire assaut d’injures et de blasphèmes; mais, puisqu’après avoir une fois osé déclarer la guerre au Christ, ils se plaisent à se mêler de tout, qu’ils s’informent du caractère de ma retraite; qu’ils s’instruisent auprès de leurs propres sectateurs. Car les ariens étaient accourus avec les soldats pour les exciter et, s’ils ne me connaissaient pas, me désigner à leurs coups. S’ils sont sans commisération, qu’ils rougissent du moins à ce récit et se tiennent en repos.
Il était nuit, et il y avait du peuple qui veillait dans l’église, attendant la fête du lendemain. Le chef militaire Syrianus apparut tout à coup avec des soldats au nombre de plus de cinq mille, ayant des armes et des épées nues, des arcs, des flèches, des lances, comme il a été dit plus haut; il les range autour de l’église et les serre, afin qu’aucun de ceux qui sortiraient ne pût leur échapper. Moi qui ne croyais pas juste, dans un si grand désordre, d’abandonner le peuple, et qui préférais m’exposer le premier au péril, m’étant assis dans la chaire, j’ai ordonné au diacre de lire le psaume: La miséricorde du Seigneur est grande dans les siècles ; je dis au peuple de répondre, et de se retirer ensuite chacun dans sa maison; mais le chef s’étant élancé dans le temple, et les soldats assiégeant de toutes parts le sanctuaire pour me saisir, le peuple et les prêtres me pressent, me supplient, de prendre la fuite; je refuse de le faire avant que chacun d’eux soit on sûreté. M’étant donc levé, et ayant prié le Seigneur, je les conjurai de se retirer. « J’aime mieux, disais-je, être en péril, que de voir maltraiter quelqu’un de vous. » Plusieurs donc étant sortis et les autres se préparant à les suivre, quelques solitaires et quelques prêtres montèrent jusqu’à moi et m’entraînèrent; et ainsi, j’en atteste la suprême vérité, malgré tant de soldats qui assiégeaient le sanctuaire, malgré ceux qui entouraient l’église, je sortis sous la conduite du Seigneur et j’échappai sans être vu, glorifiant surtout le Seigneur de ce que je n’avais pas trahi mon peuple, et de ce que, l’ayant mis d’abord en sûreté, j’avais pu être sauvé moi-même et me dérober aux mains qui voulaient me saisir.
