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Tous ces faits ont été prédits par Daniel avec une exactitude qui va jusqu'à compter les jours. Le Prophète a marqué avec précision dans quel temps ils arriveraient, de quelle manière, par qui, quelle fin ils auraient, et quelle serait la nature des changements qu'ils subiraient. Vous l'apprendrez encore mieux par la vision même, que le Prophète rapporte en parabole. Il désigne Darius, roi des Perses, sous la figure d'un bélier; le roi des Grecs, Alexandre de Macédoine, sous celle d'un boue; les quatre princes ses successeurs, sous celle de quatre cornes; enfin Antiochus Epiphane, sous celle d'une dernière corne. Ou plutôt écoutons la vision même de Daniel : J'ai eu une vision, dit-il, lorsque j'étais assis devant Ubal (c'était un lieu ainsi appelé dans la langue des Perses). Je levai les yeux, et je vis un bélier qui se tenait devant Ubal. Il avait deux cornes élevées, dont l'une beaucoup plus haute s'étendait jusqu'à l'extrémité du monde. Ce bélier frappait de sa corne l'occident, l'aquilon, le midi; aucune bête ne pouvait lui résister, ni s'arracher de ses mains. Il fit tout ce qu'il voulut, et il devint fort puissant. J'étais attentif à ce que je voyais. (Dan. VIII, 2-5.) Par le bélier et ses cornes, le Prophète marque la puissance des Perses, et leur empire qui s'est étendu par toute la terre. Il parle ensuite du roi de Macédoine sous cette autre image : Un bouc vint de l'occident sur la face de toute la terre à laquelle il ne touchait pas. Ce bouc avait une corne fort grande entre les deux yeux. Après quoi il exprime ainsi les combats qu'Alexandre livra à Darius, et les victoires qu'il remporta sur ce prince : Le bouc joignit le bélier qui était armé de ses cornes, il l'attaqua avec fureur (j'abrége le récit), le renversa, lui rompit les deux cornes, et personne ne put l'arracher de ses mains. Parlant ensuite de la mort d'Alexandre, et des quatre rois ses successeurs, il ajoute : Le bouc étant devenu extrêmement fort , sa grande corne se rompit, et il se forma quatre cornes au-dessous vers les quatre vents du ciel. Enfin Daniel passe au règne d'Antiochus, et annonçant qu'il descendait d'un des quatre princes, il en parle de la sorte : De l'une de ces quatre cornes il en sortit une petite qui s'agrandit considérablement vers l'orient et vers le midi. Et pour marquer qu'il détruisit l'empire des Juifs, voici comme il s'exprime : Il eut assez de puissance, à cause des péchés du peuple, pour profaner et supprimer les sacrifices ; il désola le Saint des saints, détruisit l'autel, foula aux pieds les choses saintes, plaça une idole dans l'intérieur du temple, immola des victimes aux démons contre la loi; la justice fut oubliée et dédaignée. Il exécuta tout et réussit en tout. Daniel revient de nouveau au règne du même Antiochus Epiphane, à la captivité, à la prise de la ville, à la désolation du temple, et il ajoute le temps où tout cela aura lieu. Il commence dès le règne d'Alexandre, et va jusqu'à la fin de son livre, en rapportant tous les événements intermédiaires, les querelles de Ptolémée et de Séleucus, les exploits de leurs généraux, leurs ruses, leurs victoires , leurs armées, leurs combats sur terre et sur mer. Il avance toujours, et finit par Antiochus dont il parle de nouveau en ces termes : Sous ses ordres des hommes puissants profaneront le Saint des saints, et feront cesser le sacrifice perpétuel (il nomme sacrifice perpétuel, le sacrifice de tous les jours); ils mettront dans le temple l'abomination de la désolation, ils amèneront avec eux pour tout détruire les violateurs de la sainte alliance, c'est-à-dire ils s'associeront les Juifs prévaricateurs. Le peuple qui connaît son Dieu aura quelque supériorité. Le Prophète parle ici des exploits des Machabées, des avantages qu'eurent les Juifs fidèles sous Juda, Simon et Jean. Les sages du peuple en instruiront plusieurs, mais ils seront affaiblis par l'épée, par la flamme (dans un second embrasement de la ville), par la captivité, par des brigandages qui dureront plusieurs jours. Au milieu de ces affaiblissements, ils recevront quelques secours modiques. Daniel fait entendre qu'ils pourront respirer au milieu de leurs maux, et sortir pour un moment des afflictions dont ils seront accablés. Plusieurs se joindront à eux par des alliances feintes pour les perdre, et les sages mêmes trahiront le bon parti. Daniel marque ainsi les chutes de ceux qui paraissaient les plus fermes; après quoi il découvre la cause pour laquelle Dieu a permis que les Juifs fidèles fussent en butte à tant de maux. Et quelle est cette cause? C'est afin qu'ils passent par le feu, qu'ils deviennent de plus en plus, jusqu'au temps prescrit, purs et blancs, dignes de son choix. Dieu a permis, dit-il, ces disgrâces, afin de purifier les Juifs fidèles, et de montrer ceux d'entre eux dont la vertu était éprouvée. Le Prophète parle en ces termes de la puissance du roi Antiochus : Il exécutera toutes ses volontés, dit-il, il s'élèvera et s'agrandira. Voici comme le même Daniel présente le caractère de ce prince porté au blasphème : Il parlera, ajoute-t-il, il parlera insolemment contre le Dieu des dieux; il réussira jusqu'à ce que la colère du Seigneur soit accomplie. Le Prophète annonce par ces derniers mots que ce n'était pas à lui-même qu'Antiochus devrait l'accroissement de ses forces, mais à la colère du Seigneur contre les Juifs. Après s'être étendu sur les maux que ce roi cruel devait faire à l'Egypte et à la Palestine, après avoir expliqué comment il devait revenir dans sa capitale, qui est-ce qui devait l'y engager et l'y contraindre, Daniel rapporte la révolution qui survint alors, et comment les Juifs, après avoir passé par tant d'épreuves, éprouvèrent quelque soulagement, un ange étant envoyé pour les secourir : En ce temps-là, dit-il, Michel le Grand-Prince s'élèvera, lui qui est le protecteur des enfants de votre peuple. Il viendra un temps d'affliction tel qu'il n'y en a pas eu depuis qu'il existe des nations sur la terre jusqu'à nos jours. En ce temps-là seront sauvés tous ceux de votre peuple qui seront trouvés écrits dans le livre, c'est-à-dire qui seront dignes d'être sauvés. (Dan. XII, 1.)
