Edition
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De corona militis
XII
[1] Sed et de corona prius dicamus. Laurea ista Apollini uel Libero sacra est, illi ut deo telorum, huic ut deo triumphorum. Sic docet Claudius, [2] cum et myrto ait milites redimiri solere: Veneris enim myrtus, matris Aeneadarum, etiam amiculae Martis, per Iliam et Romulos Romanae. Sed ego Venerem non credo ex hac parte cum Marte Romanam, qua pelicis dolor est. Cum et olea militia coronatur, ad Mineruam est idololatria, armorum aeque deam, sed et pace cum Neptuno inita ex hac arbore coronatam. In his erit serti militaris superstitio, ubique polluta et polluens omnia. Quae iam polluantur et causis. [3] Ecce annua uotorum nuncupatio: quid uidetur? Prima in principiis, secunda in capitoliis. Accipe, post loca, et uerba: "Tunc tibi, Iuppiter, bouem cornibus auro decoratis uouemus esse futurum." Cuius sententiae uox est? Vtique negationis. Etiam si tacet illic christianus ore, coronatus capite respondit. Eadem laurea in donatiui dispensationem denuntiatur. Plane non gratuita [4] idololatria, aliquibus aureis uenditans Christum, ut argenteis Iudas. Hoc erit "Non potestis Deo seruire et mammonae", mammonae manum tradere et Deo absistere? Hoc erit "Reddite quae sunt Caesaris Caesari et quae Dei Deo", nec hominem Deo reddere et denarium Caesari auferre? Triumphi laurea foliis struitur an cadaueribus? lemniscis ornatur an bustis? unguentis delibuitur an lacrimis coniugum et matrum? Fortasse quorundam et christianorum: et apud barbaros enim Christus. [5] Qui hanc portauerit in capite causam, nonne et ipse pugnauit? Est et alia militia, regiarum familiarum. Nam et castrenses appellantur, munificae et ipsae sollemnium Caesarianorum. Sed et tu proinde miles ac seruus alterius, et si duorum, Dei et Caesaris, certe tunc non Caesaris, cum te Deo debes, etiam in communibus, credo, potiori.
Übersetzung
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De la couronne du soldat
XII.
Parlons d'abord de la couronne. La couronne de laurier est consacrée à Apollon ou à Bacchus; au premier, comme au dieu des flèches; au second, comme au dieu des triomphes. Ainsi l'enseigne Claudius, quand il dit que « les soldats se couronnent aussi de myrte. En effet, les Romains, ajoute-t-il, ont adopté le myrte de Vénus, la mère des descendants d'Enée et l'amante de Mars, à cause d'Ilia et des deux Romulus. » Quant à moi, je ne crois pas que, par cette considération, Vénus soit Romaine avec Mars, puisque la concubine de son amant n'a pu que lui déplaire. Lorsque le soldat est couronné d'olivier, c'est une idolâtrie qui se rapporte à Minerve, déesse des combats, mais qui portait une couronne de cet arbre, quand elle fit sa paix avec Neptune. La superstition de la couronne militaire est souillée autant qu'elle souille dans tout cela, et tout conséquemment sera souillé dans son origine. Eh bien! que te semble de la profession annuelle des vœux, la première devant les Césars, la seconde aux Capitoles? Tu connais le lieu, connais aussi la formule: C'EST A TOI, JUPITER, QUE NOUS VOUONS CE BOEUF, AUX CORNES DORÉES, QUI VA ÊTRE LE TIEN. Que signifie cette déclaration? Une apostasie réelle. Le Chrétien a beau se taire de bouche, la couronne que porte sa tête répond pour lui. Il est enjoint au soldat de se présenter avec la même couronne de laurier lorsqu'il va recevoir la gratification. Certes, l'idolâtrie n'est pas gratuite: « Elle vend encore le Christ pour un peu d'or, comme autrefois Judas pour un peu d'argent. » Sera-ce ne pouvoir servir Dieu et Mammon, » que de tendre la |147 main à Mammon, et de la retirer à Dieu? Sera-ce « rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, » que de ne pas rendre à Dieu l'homme, sa créature, et d'enlever à César son denier? La couronne triomphale se construit-elle avec des feuilles ou avec des cadavres? est-elle ornée de métal ou de bûchers? parfumée d'essences, ou arrosée des larmes des épouses et des mères, et peut-être même de quelques Chrétiens; car le Christ habite aussi parmi les Barbares? Porter sur sa tête cette ignominie, n'est-ce pas avoir combattu de sa propre main?
Il est une autre milice destinée au service particulier des princes; car on donne le nom de castrenses aux couronnes que les Césars distribuent à leurs gardes dans certaines solennités. Mais là encore, tu es le soldat et l'esclave d'un autre; et si tu l'es de deux à la fois, de Dieu et de César, tu ne peux l'être de César, puisque tu te dois à Dieu, qui, si je ne me trompe, réclame la préférence, même là où la communauté est possible.