Edition
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De corona militis
XIII
[1] Coronant et publicos ordines laureis publicae causae, magistratus uero insuper aureis, ut Athenis, ut Romae. Superferuntur etiam illis Etruscae. Hoc uocabulum est coronarum quas gemmis et foliis ex auro quercinis ab Ioue insignes ad deducendas tensas cum palmatis togis sumunt. Sunt et prouinciales aureae, imaginum pro numero capita maiora quaerentes. Sed tui ordines et tui magistratus et ipsum curiae nomen ecclesia est Christi. Illius es concriptus in libris uitae. [2] Illic purpurae tuae sanguis Domini, et clauus latus in cruce ipsius; illic secures, ad caudicem iam arboris positae; illic uirgae ex radice Iesse. Viderint et publici equi cum coronis suis. Dominus tuus, ubi secundum scripturam Hierusalem ingredi uoluit, nec asinum habuit priuatum. "Isti in curribus et isti in equis, nos autem in nomine Domini nostri inuocabimus." [3] Ab ipso incolatu Babylonis illius in Apocalypsi Iohannis submouemur, nedum a suggestu. Coronatur et uulgus, nunc ex principalium prosperitatum exultatione, nunc ex municipalium sollemnitatum proprietate. Est enim omnis publicae laetitiae luxuria captatrix. [4] Sed tu, peregrinus mundi huius et ciuis ciuitatis supernae Hierusalem, — "Noster, inquit, municipatus in caelis", — habes tuos census, tuos fastos, nihil tibi cum gaudiis saeculi, immo contrarium debes. "Saeculum enim gaudebit, uos uero lugebitis." Et, puto, felices ait lugentes, non coronatos. Coronant et nuptiae sponsos. Et ideo non nubemus ethnicis, ne nos ad idololatriam usque deducant, a qua apud illos nuptiae incipiunt. [5] Habes legem a patriarchis quidem, habes apostolum in Domino nubere iubentem. Coronat et libertas saecularis. Sed tu iam redemptus es a Christo, et quidem magno. Seruum alienum quomodo saeculum manumittet? Etsi libertas uidetur, sed et seruitus uidebitur: omnia imaginaria in saeculo et nihil ueri. Nam et tunc liber hominis eras, redemptus a Christo, et nunc seruus es Christi, licet manumissus sis ab homine. [6] Si ueram putes saeculi libertatem, ut et corona eam consignes, redisti in seruitutem hominis, quam putas libertatem, amisisti libertatem Christi, quam putasti seruitutem. Numquid et agonisticae causae disputabuntur, quas statim tituli sui damnant, sacras et funebres scilicet? Hoc enim superest, ut Olympius Iuppiter et Nemaeus Hercules et misellus Archemorus et Antinous infelix in christiano coronentur, ut ipse spectaculum fiat quod spectare non debet. [7] Vniuersas, ut arbitror, causas enumerauimus, nec ulla nobiscum est: omnes alienae, profanae, inlicitae, semel iam in sacramenti testatione eieratae. Haec enim erant pompae diaboli et angelorum eius: officia saeculi, honores, sollemnitates, popularitates, falsa uota, humana seruitia, laudes uanae, gloriae turpes; et in omnibus istis idololatriae, in solo quoque censu coronarum, quibus omnia ista redimita sunt. [8] Praefabitur quidem Claudius etiam caelum sideribus apud Homeri carmina coronatum, certe a Deo, certe homini: igitur et homo ipse a deo coronandus est. Ceterum a saeculo coronantur et lupanaria et latrinae et pistrinae et carcer et ludus et ipsa amphitheatra et ipsa spoliaria ipsaeque libitinae. Quam sacer sanctusque, quam honestus ac mundus sit habitus iste, noli de uno poetico caelo, sed de totius mundi commerciis aestimare. [9] At enim christianus nec ianuam suam laureis infamabit, si norit quantos deos etiam ostiis diabolus adfinxerit: Ianum a ianua, Limentinum a limine, Forculum et Carnam a foribus atque cardinibus, etiam apud Graecos Thyraeum Apollinem et Antelios daemonas.
Übersetzung
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De la couronne du soldat
XIII.
Dans certaines solennités publiques, les Ordres de l'Etat se couronnent de lauriers: les magistrats portent des couronnes d'or. On préfère même à celles-ci les étrusques. On désigne par ce nom certaines couronnes qui sont enrichies de pierreries et revêtues de feuilles de chêne d'or, célèbres à cause de Jupiter, et que l'on prend avec la robe brodée de palmes, pour conduire les chars sacrés. Il y a encore des couronnes d'or provinciales, mais destinées aux images plutôt qu'aux hommes, et qui réclament des têtes plus grandes. Mais tes ordres, à loi, tes magistrats, le nom même de ta cour, c'est l'Eglise du Christ. Tu es à lui, puisque lu « es inscrit sur le livre de vie. » Ta pourpre, à loi, c'est le sang du Seigneur; ton laticlave, c'est sa croix: là « est la cognée mise à la racine de l'arbre; là est le rejeton qui sort de la racine de Jessé. » Qu'importent les chevaux de l'Etat avec leurs couronnes? Ton Seigneur, à toi, lorsqu'il « voulut entrer à Jérusalem, n'avait pas même un âne à lui. Que ceux-là se glorifient dans |148 leurs chars et ceux-ci dans leurs chevaux. Pour nous, nous invoquerons le nom du Seigneur notre Dieu. » Jean, dans son Apocalypse, nous éloigne non-seulement de la demeure de Babylone, mais à plus forte raison de ses pompeuses vanités. La multitude se couronne aussi, tantôt pour fêter les triomphes et les prospérités des princes, tantôt pour célébrer les fêtes particulières à chaque municipe. La débauche est l'assaisonnement de toutes ces réjouissances publiques. Mais toi, « étranger dans ce monde, tu es le citoyen de la Jérusalem céleste. ---- Nous vivons déjà dans le Ciel, dit l'Apôtre. » Là sont les rôles où tu es inscrit; là sont tes fastes; tu n'as rien de commun avec les joies du siècle. Que dis-je? Tu dois faire le contraire de ce qu'il fait. « Le monde, en effet, se réjouira, mais vous, vous pleurerez. Bienheureux d'ailleurs, s'écrie-t-il, bienheureux ceux qui pleurent, » et non ceux qui portent des couronnes! Les époux portent encore des couronnes le jour de leurs noces. Aussi, ne contractons-nous point de mariage avec les païens, de peur qu'ils ne nous conduisent à l'idolâtrie, par laquelle ils commencent les noces. Tu as la loi des patriarches; tu as l'Apôtre qui « t'enjoint de te marier dans le Seigneur. »
L'esclave que le monde affranchit se couronne également. Mais toi, «tu es racheté par le Christ, et même à un grand prix. » Comment le monde affranchira-t-il l'esclave d'autrui? Quoique cet affranchissement s'appelle liberté, ce n'est au fond que servitude. Tout est imaginaire dans le monde; il n'y a rien de vrai. Tout à l'heure, lorsqu'il semblait à l'homme que tu fusses libre, tu étais le racheté du Christ, et maintenant tu es l'esclave du Christ, quoique tu sois affranchi par l'homme. Si tu estimes véritable la liberté du siècle, jusqu'à le témoigner par la couronne que tu portes, tu es rentré sous la servitude de l'homme que tu prends pour la liberté, et tu as perdu la liberté du Christ que tu prends pour la servitude, |149 Ne dirons-nous rien des causes pour lesquelles des couronnes se distribuent au théâtre ou dans l'arène, et qu'il suffit de nommer pour les condamner, je veux dire des causes sacrées et funèbres? En effet, que reste-t-il à faire sinon à couronner Jupiter Olympien, Hercule le Néméen, le chétif Archémore1, et l'infortuné Antinous2, dans la personne du Chrétien, pour servir lui-même de spectacle là où il ne lui est pas permis de regarder?
Nous avons exposé, j'imagine, toutes les causes: pas une qui ait avec nous quelque chose de commun; elles sont toutes étrangères, profanes, illicites, abjurées par nous le jour où nous avons prononcé notre serment. C'étaient bien là les pompes de Satan et de ses anges, les dignités du siècle, les honneurs, les solennités, les popularités, les vœux menteurs, les servitudes humaines, les vaines louanges, les gloires honteuses, et au fond de tout cela l'idolâtrie qui se résume dans les couronnes dont s'entoure chacune de ses vanités. Claudius commencera par me dire que le ciel, dans les vers d'Homère, se couronne d'astres. Assurément, c'est Dieu qui l'a couronné; c'est en faveur de l'homme qu'il l'a couronné, donc, conclut-il, l'homme doit être couronné par Dieu. Mais le monde couronne les lieux de débauche, les latrines, les moulins, les prisons, les gymnases, les amphithéâtres, les vestiaires, et jusqu'aux cimetières eux-mêmes. Ne juge point de la sainteté et de l'honnêteté de cette coutume d'après un ciel unique que la poésie couronne, mais d'après le témoignage du monde tout entier. Toujours est-il que le Chrétien ne déshonorera jamais la porte de sa maison par des lauriers, s'il sait combien de faux dieux le démon a attachés à ses portes, Janus, qui vient de janua (porte); Limentinus, de limen (seuil); |150 Forculus et Carda, de fores (porte), et de cardo (gond), et chez les Grecs, Apollon Thyræen, et les démons Antéliens.