CHAPITRE XXII IL DEMANDE A DIEU LA CONNAISSANCE DE CE MYSTÈRE.
28. Mon esprit brûle de connaître cette énigme profonde. Je vous en conjure, Seigneur mon Dieu, mon bon père., je vous en conjure au nom du Christ, ne fermez pas à mon désir l’accès d’une question si ordinaire et si mystérieuse. Laissez-moi pénétrer dans ses replis; que la lumière de votre miséricorde les éclaire, Seigneur! A qui m’adresser? à quel autre confesser plus utilement mon ignorance qu’à vous, ô Dieu, qui ne désapprouvez pas le zèle ardent où m’emporte l’étude de vos Ecritures? Donnez- moi ce que j’aime. Car j’aime, et vous m’avez donné d’aimer. Donnez-moi mon amour, ô Père qui savez ne donner que de vrais biens à vos fils ( Matth. VII, 2) Donnez-moi de connaître cette, vérité que je poursuis. C’est une porte fermée à tous mes labeurs, si vous ne l’ouvrez vous-même.
Par le Christ, au nom du Saint des saints, je vous en conjure, que nul ne me trouble ici. Je crois, « et ma foi inspire ma parole (Ps. CXV, 1). » J’espère et je ne vis qu’à l’espérance de contempler les délices du Seigneur. Et vous avez fait mes jours périssables, et ils passent (Ps. XXXVIII,6). Et comment? je l’ignore. Et nous avons sans cesse à la bouche ces mots: époque et temps. Combien de temps a-t-il mis à ce discours, à cette oeuvre? Qu’il y a longtemps que je n’ai vu cela! Et, cette syllabe longue est le double de temps de cette brève. Nous parlons et on nous parle tous les jours ainsi; nous comprenons et sommes compris. Rien de plus clair et de plus usité; rien en même temps de plus caché; rien, jusqu’ici, de plus impénétrable.
