CHAPITRE XXXI. DIEU CONNAÎT AUTREMENT QUE LES HOMMES.
41. O Seigneur, ô mon. Dieu, combien est profond l’abîme de votre secret! Combien les tristes suites de mon iniquité m’en ont jeté loin! Guérissez mes yeux; qu’ils s’ouvrent à ta joie de votre lumière. Certes, s’il était un esprit assez grand, assez étendu en science et en prescience, pour avoir du passé et de l’avenir une connaissance aussi présente que l’est à ma pensée celle de ce cantique, notre admiration pour lui ne tiendrait-elle pas de l’épouvante? Rien, en effet, rien qui lui fût inconnu dans la vicissitude des siècles, passés ou à venir tous seraient sous son regard, comme ce cantique, que je chante, est tout entier devant moi; car je sais ce qu’il s’en est écoulé de versets depuis le commencement, et ce qu’il en reste à courir jusqu’à la fin. Mais loin de moi la pensée d’assimiler une telle connaissance à la vôtre, ô Créateur du monde, Créateur des âmes et des corps ! Loin de moi cette pensée! Votre science du passé et de l’avenir est bien autrement admirable et cachée. Le cantique que je chante ou, que j’entends chanter m’affecte de sentiments divers; ma pensée se partage en attente des paroles futures, en souvenir des paroles expirées; mais rien de tel ne survient dans votre immuable éternité; c’est que vous êtes vraiment éternel, ô Créateur des esprits!
Vous avez connu dès le principe le ciel et la terre, sans succession de connaissance, et vous avez créé dès le principe le ciel et la terre sans division d’action. Que l’esprit ouvert, que l’esprit fermé à l’intelligence de ces pensées confessent votre nom! Oh! que vous êtes grand! et. les humbles sont votre famille. Vous les relevez de la poussière (Ps. CXLV, 8); et ils n’ont plus de chute à craindre, car vous êtes leur élévation. (486)
