1.
L'Apôtre dit aux Hébreux : « Le testament reçoit sa force de la mort du tentateur 1 ; » par conséquent, selon lui, le Christ étant mort pour nous, le nouveau Testament est valide. L'ancien Testament figurait cela d'avance : car l'immolation d'une victime y représentait la mort du tentateur. Si donc on nous demande comment nous sommes « les cohéritiers du Christ, les enfants et les héritiers de Dieu 2, » nous répondons, que la mort du propriétaire constituant l'hérédité, (ce qui ne pourrait se comprendre autrement,) dès que le Christ est mort, nous sommes devenus ses héritiers, puisque nous sommes appelés ses enfants. « Les fils de l'époux ne jeûnent pas, a dit le Christ lui-même, tant que l'époux est avec eux. 3 » Nous sommes donc appelés ses héritiers parce qu'il nous a laissé en jouissance la paix de l'Eglise, par la foi à l'Incarnation que nous possédons en cette vie, comme il l'atteste en disant: « Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix 4. » Or, nous deviendrons ses cohéritiers, quand, à la fin des temps, la mort sera absorbée dans la victoire 5. Car alors nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu'il est 6.
Ce n'est point par la mort de son Père que nous obtenons cet héritage, puisque le Père ne peut mourir; et que, de plus il doit être lui-même, notre héritage, selon ce qui est écrit : «Le Seigneur est ma part d'héritage 7. » Mais comme nous avons été appelés étant encore tout petits et peu capables de comprendre les choses spirituelles, et que la divine miséricorde a daigné s'abaisser jusqu'à nos plus humbles pensées, pour nous faire voir d'une façon quelconque ce que nous ne pouvions contempler d'une vue claire: tout ce que nous voyons en énigme doit s'anéantir, dès que nous commencerons à voir face à face. C'est donc avec raison que cette disparition s'appelle anéantissement. « Car, quand viendra ce qui est parfait, alors s'anéantira ce qui est imparfait 8. » Ainsi, en un sens, le Père meurt pour nous en énigme, et il devient lui-même notre héritage, quand nous le voyons face à face. Non qu'il meure réellement ; mais la connaissance imparfaite que nous en avions est détruite par la vue parfaite ; et cependant si celle-là n'avait d'abord nourri notre foi, nous n'aurions jamais pu parvenir à la plénitude et à la clarté de celle-ci.
