1.
Certains hérétiques, appelés Apollinaristes, du nom, dit-on, d’un certain Apollinaire, leur chef, prétendaient que Notre-Seigneur Jésus-Christ, en tant qu’homme n’a point eu d’intelligence humaine. Quelques partisans, leurs auditeurs, adoptèrent alors avec joie cette erreur perverse qui amoindrissait l’Homme-Dieu, en affirmant qu’il n’aurait point eu d’intelligence c’est-à-dire d’âme raisonnable, le signe qui distingue l’homme des animaux. Mais, rentrant en eux-mêmes et se voyant forcés de reconnaître que, s’il en était ainsi , il faudrait admettre que le Fils unique de Dieu, la Sagesse et le Verbe du Père, Celui par qui tout a été fait, n’aurait revêtu que le corps d’un animal sous la figure humaine, ils ont été pris de honte, non cependant assez pour se corriger, pour rentrer dans la voie de la vérité et confesser que la sagesse de Dieu a revêtu notre humanité tout entière, sans aucune diminution de sa nature. Poussant même l’audace plus loin, ils lui ont refusé jusqu’à l’âme que possèdent les autres homes, et ne lui ont attribué que la chair humaine, en s’appuyant sur le témoignage même de l’Évangile. Bien plus, ne comprenant pas ce texte, ils osent dans leur perversité, combattre la vérité catholique et dire qu’il est écrit : « Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous 1. » D’après ces paroles, ils soutiennent que le verbe a été totalement uni, identifié à la chair, qu’il n’y plu de place chez lui pour l’intelligence, ni même pour l’âme humaine.
Jean, I, 14. ↩
